Intervention de Nathalie Elimas

Séance en hémicycle du lundi 8 juin 2020 à 21h30
Débat sur l'évaluation des politiques publiques en matière d'accès à l'ivg

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNathalie Elimas :

Jusqu'à présent, et même si nous pouvons le déplorer, certaines femmes demandant une IVG hors délai étaient dirigées à l'étranger – aux Pays-Bas et en Espagne, principalement. Avec la fermeture des frontières, le spectre des avortements clandestins a bel et bien menacé de resurgir en France, dans le pays de Simone Veil, où l'IVG est un droit garanti par la loi. Nombreux ont été les professionnels de santé et les associations à alerter de cette situation critique, et je salue la réactivité du Gouvernement qui a pris la mesure de la crise sans tarder : ainsi a-t-il instauré un numéro vert, facilité la télémédecine et permis d'effectuer par ce biais toutes les consultations obligatoires, y compris pour la prescription de pilules contraceptives. Suivant l'avis de la Haute Autorité de santé, le ministre des solidarités et de la santé a également porté de sept à neuf semaines d'aménorrhée la période durant laquelle il est possible de réaliser un avortement médicamenteux en dehors de l'hôpital. Ces mesures d'urgence ont permis de faire face à ce contexte particulier et de garantir une liberté de choix à chaque femme.

Avec le déconfinement et la reprise progressive des activités hospitalières, le retour à la normale devrait redonner confiance aux femmes, qui ne devraient plus craindre de se voir refuser une IVG.

L'urgence étant passée, j'appelle de mes voeux l'ouverture d'une réflexion collective consacrée à ce sujet essentiel. Nous devons réaffirmer que le choix d'une femme de recourir à l'IVG n'est jamais un acte anodin, et nous garder de toute décision hâtive. Comme vient de le rappeler notre collègue, Simone Veil affirmait ici même, le 26 novembre 1974 : « Aucune femme ne recourt de gaieté de coeur à l'avortement. Il suffit d'écouter les femmes. [… ] C'est toujours un drame et cela restera toujours un drame. » C'est pourquoi, tout en protégeant farouchement la liberté de choix donnée aux femmes, nous ne devons en aucun cas banaliser cet acte ni prendre des mesures qui iraient à l'encontre de l'esprit de la loi de Simone Veil – je pense notamment à une extension supplémentaire des délais d'IVG. Nous devons plutôt nous intéresser à la prévention, à l'éducation à la contraception ou encore à l'accompagnement spécifique des jeunes mineures – autant de sujets qui méritent un débat serein et constructif, dans un objectif partagé : accompagner les femmes le mieux possible à chaque étape de leur vie.

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