Intervention de Stéphane Peu

Séance en hémicycle du lundi 8 juin 2020 à 21h30
Débat sur l'évaluation des politiques publiques en matière d'accès à l'ivg

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Peu :

Les mots prononcés en 1974 par Simone Veil sonnent toujours aussi justes : non, « aucune femme ne recourt de gaieté de coeur à l'avortement ». Celui-ci est légal dans notre pays depuis quarante-cinq ans ; cependant, y avoir recours reste un choix personnel, difficile, douloureux. Le sujet est si intime et sensible qu'il constitue encore un tabou dans notre société.

Nous traversons en ce moment l'une des plus graves crises sociales, économiques et sanitaires qui aient eu lieu depuis la seconde guerre mondiale. Ses conséquences sont graves, et notre système de santé, qui a connu ces dix dernières années de profonds bouleversements, est affaibli. Le personnel soignant dénonce depuis des années un manque de moyens et des conditions de travail usantes. Cette situation dégradée de l'hôpital public a eu pour effet de fragiliser l'accès aux soins et par conséquent l'accès à l'IVG. La fermeture des maternités où le nombre de naissances était jugé trop faible a entraîné par ricochet celle de plusieurs centres d'IVG. Suppressions de lits, suppressions de postes, accès aux soins détérioré : ces mesures ont eu de lourdes conséquences. L'éloignement des centres d'IVG, ce sont des kilomètres supplémentaires à parcourir pour les femmes. Or, c'est bien d'un accompagnement médical et parfois d'un soutien psychologique qu'elles ont besoin, sans avoir à faire 50 voire 100 kilomètres pour le trouver.

Aujourd'hui, pour interrompre leur grossesse, de nombreuses femmes doivent se rendre dans un département voisin de celui où elles résident. En 2019, le ministère de la santé lui-même reconnaissait l'existence de territoires en tension dans la plupart des régions. Pourtant, parallèlement, des avancées législatives majeures ont été adoptées ces dernières années. Depuis 2013, à l'initiative de Marisol Touraine, l'IVG est intégralement remboursée par la sécurité sociale. En 2016, la prise en charge à 100 % est élargie à tous les actes médicaux entourant l'avortement. Rendre l'IVG gratuite a permis aux femmes d'être plus libres de leur choix, quels que soient leur milieu social et leurs revenus. Toutefois, nombre d'entre elles continuent de subir des pressions au sein de leur famille ou de leur entourage. Des sites et des associations anti-choix restent très actifs pour dissuader les femmes d'avoir recours à l'avortement.

En 1917 – pardon, en 2017…

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