Intervention de Sabine Rubin

Par exemple, vous poursuivez la diminution du taux de l'impôt sur les sociétés, grâce à laquelle les entreprises auront économisé 30 milliards d'euros pendant ce quinquennat – compétitivité oblige, me direz-vous ! Ce qu'elles ne paieront pas sera compensé par les prélèvements injustes, au premier rang desquels la TVA.

Il faudra compenser en effet, car, s'agissant des cadeaux aux plus aisés, vous ne lésinez pas ! C'est pourquoi j'ai évoqué tout à l'heure une austérité sélective. Ainsi, les crédits d'impôt offerts par les quelque quarante-sept niches fiscales polluantes – liées au budget du ministère de la transition écologique et solidaire – augmentent de 30 % cette année ; chacun sait qu'ils bénéficieront surtout aux grandes entreprises.

Pour les plus modestes, il y a 7 milliards de mesures d'urgence économique et sociale, certes, mais qui finiront encore dans les mêmes coffres, dès lors qu'il s'agit d'heures supplémentaires défiscalisées et autres hypocrisies. Pour 2020, vous prévoyez d'ores et déjà 8 milliards d'euros pour les 20 % de ménages les mieux lotis, avec la suppression de la taxe d'habitation – soit la moitié de son coût total.

Résultat : en dépit des presque 4 000 postes supprimés dans l'éducation nationale, du milliard économisé sur le dos des hôpitaux et de la grande braderie des biens communs, de La Française des Jeux aux Aéroports de Paris, le budget connaît une hausse de 0,7 % en termes réels.

Quel est le problème ? Le voici : votre politique consiste en un vaste détournement de fonds, consistant à prendre aux services publics pour abonder un immense saupoudrage d'oboles corporatistes, au gré des besoins de relance en bas de cycle. Le cercle vertueux que vous évoquez est un syncrétisme douteux entre l'ordolibéralisme à l'allemande et le clientélisme contracyclique pratiqué par les États-Unis. En somme, vous abdiquez, déléguant la décision aux marchés financiers, à deux milliardaires et trois énarques.

Nous ne contestons pas la sincérité du budget que vous présentez : nous condamnons votre modèle, auquel nous opposons une solution alternative depuis 2017. C'est pourquoi le groupe La France insoumise votera contre le projet de loi de règlement du budget et d'approbation des comptes pour l'année 2019.

Comme dans Un jour sans fin donc, …