Intervention de Joaquim Pueyo

Séance en hémicycle du jeudi 11 juin 2020 à 15h00
Taux réduit de tva pour l'hébergement touristique et la restauration — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJoaquim Pueyo :

Pour amortir les effets dévastateurs de la crise, les pouvoirs publics ont instauré un certain nombre de mesures, telles que le fonds de solidarité, le chômage partiel ou le prêt garanti par l'État. Ces outils ont permis – tout le monde le reconnaît – de sauvegarder des emplois et de soutenir les acteurs économiques durant cette période inédite.

Cependant, les baisses et suspensions d'activité ont créé ou renforcé des situations de fragilité et ont eu des incidences sévères sur les trésoreries des entreprises. Les plus petites structures sont les plus exposées et nécessitent un accompagnement particulier.

Cette vigilance doit spécifiquement s'exercer sur les secteurs dépendant de la saisonnalité. C'est le cas de l'hébergement touristique, des cafés, bars et restaurants, et de toutes les autres activités liées au tourisme. Leurs revenus dépendent grandement de la période estivale ; or la saison 2020 est déjà bien entamée et les revenus des acteurs de ce domaine se trouvent amoindris.

En France, troisième destination touristique européenne, les revenus liés à ces activités représentent 7,3 % du PIB et 2 millions d'emplois directs et indirects. Certaines prédictions évoquent la possible disparition de 15 à 20 % des acteurs du secteur, notamment dans la restauration.

À cela s'ajouteront l'impossibilité, pour les touristes asiatiques ou américains, de se rendre en Europe et la réduction des déplacements au sein de l'Union européenne. Au-delà des chiffres, ce sont des milliers d'hommes et de femmes qui sont touchés quand leur activité est menacée. Qu'ils soient salariés, chefs d'entreprise, indépendants ou commerçants, ce sont des milliers de Français qui risquent de voir leurs revenus baisser ou de se retrouver au chômage. Nombreux sont ceux dont la rémunération est intrinsèquement liée à un revenu complémentaire issu du tourisme ; c'est notamment le cas des étudiants et des travailleurs saisonniers.

Il est donc indispensable, comme pour tous les autres secteurs, de prendre des mesures de long terme afin d'éviter des faillites et un chômage massifs, alors que plusieurs centaines de millions d'euros ont déjà été engagés pendant la crise pour éviter une catastrophe économique et sociale. Le Gouvernement a annoncé le 15 avril dernier, dans le cadre du plan tourisme, un certain nombre de mesures. Parmi celles-ci figurent le maintien et l'élargissement du fonds de solidarité pour les entreprises du secteur du tourisme jusqu'à la fin de l'année 2020, ainsi que la prolongation du dispositif d'activité partielle jusqu'à la fin du mois de septembre 2020. Sont également prévus un plan d'investissement et un allègement potentiel de la taxe de séjour sur les hébergements touristiques. Par ailleurs, le ministre de l'action et des comptes publics a annoncé une exonération de charges pour les entreprises de moins de 250 salariés dans le secteur du tourisme.

Toutes ces annonces sont à saluer, mais elles sont encore insuffisantes. Nous le voyons sur nos territoires, nos concitoyens qui travaillent dans le secteur de la restauration font preuve de combativité pour reprendre leur activité, mais ils doivent être aidés. Or contrairement à d'autres secteurs de l'économie, les mois perdus ne sont pas récupérables. Alors que dans d'autres domaines, un regain de la consommation peut compenser une partie des pertes, la majeure partie de l'industrie touristique demeure à l'arrêt, aura à faire face à des baisses de fréquentation et ne pourra étendre ses capacités au point de récupérer les mois perdus. La question de l'incidence sur la trésorerie se posera encore pendant plusieurs mois, et ce malgré l'instauration du prêt garanti par l'État.

La proposition de loi de nos collègues du groupe Les Républicains vise à donner de l'air à ces entreprises en leur permettant de dégager des marges de trésorerie. Elle propose de faire passer de 10 à 5,5 % le taux de la taxe sur la valeur ajoutée applicable à l'hébergement touristique, aux cafés, aux bars et à la restauration jusqu'à la fin de l'année 2020.

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