Intervention de Paul Christophe

Séance en hémicycle du jeudi 18 juin 2020 à 15h00
Loi de programmation pour l'hôpital public et les ehpad — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Christophe :

L'hôpital français est un hôpital d'excellence : des techniques à la pointe, des traitements innovants, des personnels extrêmement bien formés… Beaucoup d'entre nous avons eu l'occasion de bénéficier de soins très pointus. Hier encore, leur capacité d'adaptation à la crise du coronavirus a été remarquable.

Cependant, les hôpitaux français sont en crise – nous pouvons là encore tous le constater, notamment en échangeant avec les agents, soignants ou non. Organisation déficiente, carrières peu attractives, moyens insuffisants ou mal attribués : les raisons de s'inquiéter sont nombreuses.

De même, dans les EHPAD, nous connaissons tous des équipes fabuleuses qui se mettent en quatre pour accompagner les personnes âgées, leur proposant des activités multiples, entretenant le lien avec les familles, les accompagnant avec humanité et bienveillance. Malheureusement, nous avons également tous eu vent d'établissements où le covid-19 a fait des ravages, où les résidents se laissent glisser, dans un isolement insupportable.

L'épidémie de coronavirus et ses conséquences n'ont fait que confirmer de façon dramatique ce constat : partout, notre système de santé peine à assurer l'accueil des patients. Il est tellement fragilisé que des mesures d'accompagnement ne pourront suffire. Il faut repenser entièrement un système qui, malgré l'immense qualité des professionnels, est à bout de souffle, et cela à travers un plan global et à long terme.

Si le bilan est trouble, nous nous accordons tous à dire qu'il faut réformer l'hôpital et penser les EHPAD autrement. Ce sont d'ailleurs deux chantiers très lourds et nécessaires qui ont été ouverts par le Gouvernement dans le cadre du Ségur de la santé, où les consultations se multiplient, et des travaux préparatoires au projet de loi relatif au grand âge et à l'autonomie.

La proposition de loi que nous examinons aujourd'hui a pour ambition de réformer l'hôpital et les EHPAD en prévoyant une revalorisation des indices, des salaires et des carrières et en fixant des objectifs de créations de postes et de lits. Si nous partageons tous l'ambition de réformer l'hôpital et les établissements médico-sociaux, nos avis divergent quant aux actions à mener. Il ne s'agit pas de nier la nécessité d'accorder des moyens importants à la santé des Français et à l'accompagnement des plus fragiles, mais la réponse apportée par cette proposition de loi n'est que partielle, et parfois même partiale.

Le Président de la République a annoncé à Mulhouse un plan massif d'investissement et de revalorisation de l'ensemble des carrières, précisant que la réponse serait « profonde et dans la durée ». Il nous faudra en effet repenser l'hôpital, non pas seulement en termes de moyens à lui accorder, mais aussi comme un maillon de notre système de santé. Les interactions entre tous les acteurs de santé devront être non seulement renforcées, mais aussi repensées. Le rôle de chacun devra être précisé, et cela induira nécessairement des changements lourds, tant dans les pratiques que dans nos habitudes de consommateurs de soins. Il faudra aussi réévaluer notre rapport au risque, à l'anticipation et au principe de précaution, repenser l'articulation entre les secteurs public et privé, veiller à ce que tous les actes soient utiles et non prescrits en double, comme ils le sont parfois. Il nous faudra travailler sur la gouvernance de ces établissements, pour plus d'efficacité et de compétence. Il sera enfin nécessaire de développer les politiques de prévention, qui devront passer par différents axes de communication et cibler plusieurs acteurs pour que chacun agisse dans son domaine de compétences. La liste que je viens de faire n'est sans doute pas exhaustive, mais elle souligne bien la nécessité de larges concertations et de très larges actions.

Le titre de la proposition de loi est prometteur, mais son contenu l'est un peu moins. À l'incantation du « toujours plus », il faut, non pas substituer, mais ajouter le « faire mieux », …

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