Intervention de Yannick Favennec-Bécot

Séance en hémicycle du jeudi 18 juin 2020 à 15h00
Revenu étudiant — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYannick Favennec-Bécot :

Nous devons tout faire pour que notre jeunesse ne soit pas une génération sacrifiée. Le Président de la République a annoncé dimanche dernier un investissement massif pour l'instruction, la formation et les emplois de la jeunesse. Mais, derrière les effets d'annonce, il faut que ces annonces soient rapidement suivies d'effet.

Depuis le mois de mars, les jeunes sont parmi les plus touchés par les conséquences économiques et sociales dévastatrices de la crise sanitaire. Je pense en particulier aux étudiants qui ont vu leur stage supprimé, repoussé ou perturbé, à ceux qui ont éprouvé les pires difficultés pour trouver des alternances, à ceux qui n'ont pas pu poursuivre leur travail étudiant ou qui ne trouveront pas de job d'été afin de financer leurs études.

Comme nous le savons, près de la moitié d'entre eux sont obligés de travailler tout en étudiant, malgré le risque plus élevé d'échec scolaire. Avant même le confinement, près de 20 % des étudiants vivaient déjà en dessous du seuil de pauvreté et près de 40 % d'entre eux dépendaient d'au moins une aide financière. Les difficultés financières des étudiants se sont aggravées avec le confinement et les conséquences de la crise sanitaire. Malgré les aides accordées par les CROUS et en dépit des initiatives associatives spontanées, certains se retrouvent dans des situations extrêmement précaires. À ces difficultés financières se sont ajoutées des difficultés d'accès aux outils numériques, donc aux informations et aux cours, ainsi que des difficultés psychologiques, notamment pour certains étudiants qui n'ont pas pu rentrer auprès de leur famille.

Dans ce contexte, le groupe Libertés et territoires ne peut que partager les constats et les inquiétudes du groupe GDR. Nous avons d'ailleurs interpellé le Gouvernement à de nombreuses reprises concernant la situation des étudiants, en particulier pendant le confinement. Nous vous rejoignons quant à la nécessité de trouver des dispositifs pour ne pas laisser les plus jeunes s'enfoncer dans la précarité. Cependant, nous nous interrogeons sur l'instauration d'un revenu universel pour tous les étudiants.

D'une part, il nous paraît que si nous souhaitons réellement garantir l'égalité des chances dans un objectif de justice sociale, alors il est indispensable de prendre en considération la situation familiale des étudiants. D'autre part, nous considérons que, plus que jamais, la situation des jeunes de 18 à 25 ans doit être abordée de façon plus large, car au-delà des étudiants, c'est toute une génération qui voit s'éloigner ses chances de poursuivre ses études sereinement et de trouver un emploi. Le Gouvernement avait évoqué l'instauration d'un revenu universel d'activité pour les jeunes de 18 à 25 ans. Madame la secrétaire d'État, où en sont les réflexions sur ce dispositif ? Nous sera-t-il présenté un jour ? Le cas échéant, à quelle date ? Et surtout, pourra-t-il bénéficier aux plus jeunes ?

La jeunesse d'aujourd'hui baigne dans un océan d'incertitude et d'inquiétude. Certes, le Gouvernement commence à apporter des réponses. Le plan pour l'apprentissage en est une. La période pour rechercher une alternance est passée à six mois – j'aurais cependant souhaité qu'elle soit plus longue. J'avais déposé un amendement en ce sens au projet de loi relatif aux dispositions d'urgence, visant à porter la durée d'inscription dans un centre de formation d'apprentis à douze mois. Il est également prévu d'octroyer 5 000 euros de prime aux entreprises pour l'embauche d'alternants de moins 18 ans, et 8 000 euros pour les alternants majeurs. C'est un premier pas qui en appelle évidemment d'autres.

Aux côtés de l'apprentissage, il est aussi impératif d'apporter des solutions pour favoriser sans attendre l'embauche de stagiaires. Les expériences professionnelles sont en effet essentielles à l'étudiant pour valider son parcours. Il faut également avoir une attention toute particulière pour les 700 000 nouveaux diplômés qui se retrouvent sur un marché de l'emploi atone, sans véritable espoir d'embauche et sans aucune aide sociale. Rien qu'au mois d'avril, le nombre de déclarations d'embauche a plongé de 65 %, touchant majoritairement les jeunes de moins de 25 ans.

Si le groupe Libertés et territoires a soutenu l'extension du revenu de solidarité active aux 800 000 jeunes de moins de 25 ans sans formation ni emploi, extension qui pourrait être envisagée avec des objectifs d'insertion en contrepartie, nous pensons qu'un simple dispositif financier ne suffira pas à accompagner durablement les jeunes dans leur quête d'insertion professionnelle. C'est pourquoi, vous l'aurez compris, notre groupe ne soutiendra pas cette proposition de résolution, bien qu'elle soulève un enjeu considérable pour l'avenir de toute une génération.

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