Intervention de Pierre-Henri Dumont

Séance en hémicycle du jeudi 18 juin 2020 à 15h00
Revenu étudiant — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Henri Dumont :

Instaurer un revenu étudiant n'y changera rien. Au contraire, cela renchérira les loyers, excluant définitivement la classe moyenne non étudiante du centre de nos métropoles, où se concentrent également nos universités. Parce que l'on a massifié l'accès aux études supérieures sans mettre à niveau les services d'accompagnement des étudiants, la méritocratie républicaine a été balayée par une reproduction sociale à nulle autre pareille depuis soixante-quinze ans. Désormais, ceux qui étudient dans les meilleurs établissements d'enseignement supérieur de la capitale ne sont plus les meilleurs lycéens de France mais ceux dont les parents ont les moyens financiers et peuvent subvenir aux besoins matériels de leurs enfants.

Hier, un bon bachelier de province, un gamin de Calais, pouvait rêver d'entrer à l'École normale supérieure ou à la Sorbonne ; aujourd'hui il ne peut plus y penser, les places étant réservées par quelques happy few ayant fréquenté les mêmes lycées franciliens.

Aujourd'hui, la France doit permettre aux gosses de la classe moyenne de Calais de rêver de nouveau d'aller étudier dans les établissements les plus prestigieux, de la capitale où d'ailleurs. Cela ne passe pas par l'assistanat, la mise sous perfusion de toute la jeunesse de France, mais par des services concrets bénéficiant à un maximum de jeunes, en particulier de la classe moyenne, ceux dont les parents sont trop riches pour bénéficier d'une quelconque aide de l'État mais trop pauvres pour subvenir aux besoins de leur enfant étudiant. Cela passe par la construction massive de résidences étudiantes et de restaurants universitaires, par le développement du numérique et des cours en ligne, et par la diffusion du savoir. Cela passe aussi par une revalorisation et un élargissement des critères d'attribution des bourses afin de toucher directement les enfants de cette classe moyenne toujours bonne à payer, mais jamais à recevoir.

Nicolas Sarkozy avait courageusement su agir en ce sens durant son quinquennat en créant un sixième échelon et en instaurant un dixième mois de bourse.

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