Intervention de Géraldine Bannier

Séance en hémicycle du mercredi 24 juin 2020 à 15h00
Création de la fonction de directeur d'école — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGéraldine Bannier :

Nombre de rapports, ces dernières années, ont abordé la question du statut du directeur d'école. Ce qui importe avant tout, semble-t-il, c'est moins l'affaire du statut – nombre de professeurs des écoles restent attachés au principe du primus inter pares, l'organisation actuelle étant plutôt peu contestée et ayant prouvé son efficacité – que l'amélioration des conditions de travail des directeurs d'école.

La charge administrative, comme partout, s'est alourdie, virant parfois à l'absurde, et, dans un contexte où le recrutement de professeurs des écoles reste difficile dans certains territoires, les candidatures au poste de directeur ne sont pas légion. Ce sont souvent encore de jeunes recrues qui s'y collent, pas forcément par choix et à l'issue d'une bien courte formation. Il est donc urgent de mieux reconnaître la spécificité de la fonction de directeur d'école au vu des responsabilités importantes qui incombent à ces organisateurs indispensables de la vie de l'école.

La présente proposition de loi dessine des perspectives d'amélioration concrètes : délégation d'autorité académique et création d'un emploi fonctionnel assorti d'un avancement accéléré et d'une meilleure indemnisation, décharge au-delà d'un seuil de huit classes, fin des contraintes liées aux activités pédagogiques complémentaires, souvent pratiquées pendant la pause méridienne, création d'un poste de référent spécifique pour les directeurs d'école au sein des services départementaux, aide de conciergerie ou administrative par convention avec la collectivité et simplifications administratives concernant les élections de parents et le fameux PPMS.

Le travail en commission a permis d'en améliorer la rédaction mais aussi de poser des questions très importantes : quelle forme concrète doit prendre l'aide administrative ou logistique apportée aux directeurs d'école ? Comment asseoir la fonction tout en respectant le voeu des directeurs en place qui ne souhaitent pas tous une mobilité à intervalles réguliers à la façon des directeurs de collège ? Peut-on accentuer les décharges, levier efficace pour soulager les directeurs, sans mettre en difficulté les élèves, alors que l'objectif de dédoubler les classes réclame plutôt une présence de première ligne renforcée ?

Nous l'avons rappelé en commission : outre la voie législative et les améliorations que nous allons voter, il faudra aussi, au niveau des rectorats, simplifier autant que possible les procédures, pour que la paperasse empiète beaucoup moins sur le travail de première ligne du directeur d'école : le lien direct qu'il entretient avec les familles et avec ses élèves.

Les députés du groupe MODEM seront attentifs aux conclusions de la mission qui doit aboutir à une amélioration du suivi médical des personnels, qui brille jusqu'à présent par son absence. Les professeurs de France passent une visite médicale au moment du recrutement, puis : plus rien. Pourtant les situations de burn-out liées à la surcharge administrative, à la solitude de la fonction, aux tiraillements entre injonctions de l'institution, des parents, de la collectivité, méritent que l'on s'y attarde. J'ai une pensée évidemment pour Christine Renon dont la lettre a touché nombre de Français.

Le groupe MODEM et apparentés souhaite donc que le travail de concertation avec le ministère et les organisations syndicales se poursuive. L'enjeu est simple : aider nos directeurs à d'abord et avant tout retrouver le coeur du métier qu'ils ont choisi : s'occuper des enfants et organiser la vie de l'école dans l'intérêt de ceux-ci. Nous voterons donc le texte en souhaitant que des solutions soient trouvées sur les sujets encore en débat, solutions qui doivent être réalistes et pouvoir être rapidement appliquées.

Nous remercions aussi les directeurs d'école en cette fin d'année scolaire car la crise sanitaire les a mis à rude épreuve et nous pouvons être fiers de leur investissement pour aider enfants et familles à ne pas perdre pied avec l'école, socle de l'égalité des chances. Je reprends les mots d'Albert Camus pour assurer les instituteurs que leurs efforts, leur travail et le coeur généreux qu'ils y mettent seront toujours vivants chez une de leurs petites écolières qui, malgré l'âge, n'aura pas cessé d'être leur reconnaissante élève.

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