Intervention de Éric Woerth

Séance en hémicycle du lundi 29 juin 2020 à 16h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2020 — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Woerth, président de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

Placé dans cette situation inédite, vous tentez d'en tirer des conclusions. Nous les partageons pour la plupart, mais nous considérons que vous n'allez pas assez loin.

L'effort public réel déployé au moyen des trois PLFR devrait atteindre environ 60 milliards d'euros, soit 2,5 points de PIB. Si l'on ajoute l'ensemble des garanties et reports d'échéance, sans incidence sur le déficit à venir, il s'élève plutôt à 468 milliards d'euros. Ainsi, vous investissez et prenez des risques.

Nous sommes favorables à certaines dispositions du PLFR 3, d'autant que nous avions souvent proposé certaines d'entre elles, notamment les exonérations de charges ou les compensations aux collectivités locales. Je vous avais dit – nous vous avions dit – , lors de l'examen du PLFR 2, que vous y viendriez ; vous y êtes venu, tant mieux.

Hormis ces considérations, on compte quatre grands absents dans le présent texte : l'emploi des jeunes, nulle part ; la sortie du chômage partiel, dont on en parle mais qui ne figure nulle part ; la relance de la consommation et de l'investissement grâce au surplus d'épargne des Français ; la transformation de l'endettement en fonds propres. Nous proposerons des mesures en ce sens, dont je ne doute pas qu'elles retiendront votre attention.

Pour accélérer la reprise, l'État doit passer par les régions : il s'agit d'injecter massivement des fonds propres dans les entreprises, au moyen de dotations leur permettant de financer des prises de participation. Nous devons également mobiliser au plus vite une partie des 100 milliards d'euros – dixit la Banque de France – d'épargne supplémentaire. Nous proposons la création d'un livret permettant d'orienter l'épargne en ce sens.

Par ailleurs, si votre stratégie de relance doit certes comporter des mesures sectorielles – vous avez procédé ainsi jusqu'à présent, et c'est bien – , le vrai juge de paix, c'est le chiffre d'affaires. J'estime que vous auriez dû, non pas sectoriser la relance, mais vous fonder sur la donnée objective que représentait la perte de chiffre d'affaires, et de façon universelle, pour l'ensemble des entreprises. Certaines perdent du chiffre d'affaires parce qu'elles se sont trouvées prises dans la récession française, par du fait de leur appartenance à tel ou tel secteur d'activité. À trop vouloir dresser des listes complètes, on finit par oublier certaines entreprises.

Je comprends que la situation est inédite ; néanmoins, tous les gouvernements du monde doivent y faire face. Il n'y a du reste pas de leçon à donner en l'espèce, car on est dans un domaine exploratoire, c'est le moins qu'on puisse dire. Pour autant, un plan de relance, c'est un plan de confiance. Or vous n'obtiendrez pas celle-ci en faisant preuve de prudence, mais d'audace. Vous avez l'occasion d'accélérer les changements de notre société ; vous avez l'occasion de transformer les modes de production ; vous avez le devoir de protéger les jeunes. Allez-y ! Faites-le dès maintenant, mais plus clairement !

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