Intervention de Fabien Roussel

Séance en hémicycle du lundi 29 juin 2020 à 16h00
Projet de loi de finances rectificative pour 2020 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFabien Roussel :

Commençons par ce qui va dans le bon sens : les petites entreprises et les collectivités avaient besoin d'une aide massive, sans quoi elles auraient sombré dans le chaos. Pour nos communes, vous faites un pas de 780 millions, mais vous êtes encore loin de compenser toutes les pertes de recettes qu'elles ont subies. Citons aussi les 3 milliards d'exonérations pour les petites entreprises ; cela les rassurera, même s'il faudra encore les accompagner : leurs pertes d'exploitation sont énormes, et de nombreuses charges courent encore – dont les cotisations dues aux assurances. Reconnaissons-le, ces dernières ne sont vraiment pas au rendez-vous ! Non seulement elles possèdent plus de 20 milliards de réserves de capitalisation, mais encore elles pratiquent largement l'optimisation fiscale. Sachez, monsieur le ministre, que le groupe Axa investit son assurance-vie via un fonds domicilié à Jersey ; j'aimerais que vous vous saisissiez de cette affaire !

Le groupe de la Gauche démocrate et républicaine se satisfait de l'adoption, en commission, des amendements de M. Gabriel Serville, qui permettront de renforcer les dispositifs d'aide économique destinés à la Guyane et à Mayotte, deux régions en urgence totale, où la pandémie est en train d'exploser. Nous attendons que ces amendements soient confirmés en séance.

Voilà pour les points positifs. Pour le reste, nous sommes très inquiets. Votre stratégie, qui repose sur une augmentation sans précédent des dépenses de l'État – dont nous pourrions nous réjouir – se traduit, paradoxalement, par une hausse importante du chômage et de la pauvreté. En effet, vous ne changez absolument pas de logiciel économique ! Vous avez pourtant constaté, ce dimanche, que les Français attendaient un vrai changement de cap : ils veulent plus de justice sociale, plus d'écologie et plus de solidarité. Vous continuez malgré tout à distribuer des dizaines de milliards d'euros sans rien exiger des multinationales en retour, sans leur demander de mettre la main à la poche. L'État dépensera quelque 460 milliards d'euros sous forme de prêts, de subventions et de suppressions de cotisations, sans fixer aucun objectif en matière de création d'emplois, de relocalisation d'activités ni d'investissements dans la transition écologique, et sans développer des services publics tant attendus dans la santé, les écoles et les transports. Plus de 8 milliards sont déboursés pour soutenir la filière automobile, mais aussitôt, Renault annonce un plan de 4 600 suppressions d'emplois et la fermeture d'usines ! Dans l'aéronautique, l'enveloppe est énorme, 15 milliards ; mais sans attendre, la direction de Derichebourg impose à son personnel des réductions de salaire de 250 euros par mois, sous la menace d'un plan social visant à détruire 700 emplois ! Conforama, André, Camaïeu – que vous connaissez bien, monsieur Darmanin – , La Halle… : on ne compte plus les enseignes populaires menacées, sous l'emprise de dettes et de taux d'intérêts de 12 %.

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