Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du mercredi 8 juillet 2020 à 21h30
Projet de loi de finances rectificative pour 2020 — Après l'article 17 (amendements appelés par priorité)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Nous assistons à un débat intéressant entre la majorité et une partie de l'opposition. Toutefois, celui-ci porte uniquement sur la position du curseur, car l'une et l'autre sont en réalité d'accord sur la logique.

Vous avez expliqué, monsieur Labaronne, que votre majorité avait réduit le coût du travail et le coût du capital. S'agissant du coût du travail, c'est exact, et vous n'avez d'ailleurs pas été les seuls à le faire, puisque cette politique est menée depuis trente ans, si bien qu'il y a un problème non pas d'offre, mais de demande et de pouvoir d'achat, entre autres. En revanche, vous n'avez pas fait baisser le coût du capital ; vous avez fait des cadeaux mirifiques au capital, ce qui n'est pas la même chose. Cela a d'ailleurs l'effet exactement inverse : lorsque l'on diminue le prix du travail et que l'on fait des cadeaux au capital, celui-ci coûte une partie croissante de la richesse produite, tous les chiffres le montrent.

Nous ne voterons pas ces amendements. Vous l'avez précisé, monsieur le président Woerth, le groupe Les Républicains a proposé la suppression de la C3S lors de l'examen des trois derniers budgets. Pour notre part, nous avons proposé à ces trois mêmes occasions le rétablissement de l'impôt de solidarité sur la fortune. À chacun ses critères…

Le moment est moins approprié que jamais pour baisser l'impôt sur les sociétés. Il est paradoxal de donner des milliards aux entreprises avec le dispositif de chômage partiel et les diverses aides, qui plus est sans aucune contrepartie, et d'expliquer dans le même temps qu'elles devraient payer moins d'impôts, alors que ceux-ci servent à financer les mesures prises en leur faveur… Les entreprises gagneraient à la fois au grattage et au tirage, si je puis dire !

Pour toutes ces raisons, nous ne pensons pas que la priorité soit d'améliorer encore et toujours la compétitivité et de réduire encore et toujours les impôts payés par les sociétés. Si vous poursuivez cette course vers le moins-disant fiscal, comme vous êtes en outre opposés aux déficits, il faudra bien que quelqu'un paie. Or ce sont les forces productives de notre pays qui paieront, les forces de travail, notamment les salariés.

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