Intervention de Gilles Le Gendre

Séance en hémicycle du mercredi 15 juillet 2020 à 15h00
Déclaration de politique générale du gouvernement débat et vote sur cette déclaration

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilles Le Gendre :

Monsieur le Premier ministre, la transition écologique dépassera largement l'horizon du plan de reconstruction que vous nous avez présenté, mais notre groupe aura à coeur d'inscrire toutes les mesures nouvelles dans une stratégie volontariste d'accélération de cette transition, qui permette de répondre à deux questions cruciales restées en suspens.

Tout d'abord, nous devrons favoriser la croissance, condition indispensable à la création de richesses et à leur redistribution, tout en protégeant le climat et la biodiversité. De ce point de vue, votre plan massif de rénovation des logements et des bâtiments prouvera que c'est possible.

Par ailleurs, l'efficacité de l'arme fiscale et de la mise sous condition des aides en matière environnementale est un point sensible, jusqu'au sein de notre majorité : nous ne pourrons pas l'ignorer plus longtemps.

La vision implique aussi le renforcement de notre souveraineté. En apparence, sa nécessité ne fait plus débat, à la lumière des premiers enseignements de la crise sanitaire et des défaillances qu'elle a mises en exergue dans notre industrie de la santé, au sens large.

Mais, comme l'a mis en évidence le colloque organisé il y a quelques semaines à l'Assemblée nationale par notre président, Richard Ferrand, la souveraineté, en ce qu'elle bouleverse les chaînes de valeur, ne résonne pas de la même tonalité à l'oreille du salarié, du consommateur et du citoyen, la plupart du temps réunis dans la même personne. Là encore, cet arbitrage devra être le fruit de réflexions et de décisions, hautement stratégiques, inscrites dans le temps long.

La conciliation de l'efficacité et du dialogue est un deuxième paradoxe. La tâche qui nous attend est immense et nous connaissons tous les risques d'enlisement qui guettent l'action publique.

La crise que nous traversons a démontré, jusqu'à la caricature, l'écart, concernant l'efficacité, entre le meilleur et le moins bon, tant pour ce qui est des mesures sanitaires qu'économiques, sociales ou éducatives. Il s'agit d'un problème d'organisation, certes, de processus également, de territoires, parfois, mais presque toujours de gestion des femmes et des hommes, quelles que soient leurs bonnes intentions ou leur bonne volonté !

Nous ne pouvons pas soumettre votre plan de reconstruction aux mêmes aléas d'exécution.

Nous avons bien noté, monsieur le Premier ministre, votre intention de ne pas engager une vaste réforme législative de l'architecture administrative et de l'organisation des pouvoirs publics, lui préférant la révolution des pratiques. Vous avez raison, nous n'en avons pas le temps.

Il pèse, par conséquent, sur votre Gouvernement, une obligation particulière d'écoute, de cohérence et de réactivité, pour que les décisions qu'il devra prendre à Paris, à effets immédiats ou presque, parviennent sans déperdition aux populations à qui elles sont destinées, avec le concours des services déconcentrés de l'État et des collectivités décentralisées, dans toute la métropole et en outre-mer.

Vous venez de prendre sur ce sujet des engagements qui nous rassurent. Votre expérience combinée de serviteur de l'État et d'élu local nous autorise à penser qu'ils seront tenus.

Le dialogue social est-il un frein ou un accélérateur d'efficacité ? La réponse est dans la question. Vous en avez fait votre viatique dans les premiers propos que vous avez tenus en public. Cela tombe bien : c'est aussi le nôtre, à La République en marche.

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