Intervention de Sabine Rubin

Séance en hémicycle du jeudi 16 juillet 2020 à 9h00
Règlement du budget et approbation des comptes de l'année 2019 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSabine Rubin :

Monsieur le ministre délégué, chers collègues de la majorité, j'ai du mal à vous comprendre. Durant ces six mois de crise sanitaire, vous vous êtes tant reniés que je n'envisage pas que vous puissiez encore défendre l'exercice budgétaire de 2019. En effet, ces derniers jours, vous évoquez diverses nouveautés ou, plus exactement, vous recyclez le gaullisme social, le keynésianisme, l'écologie avec l'ardeur de dirigistes forcenés, alors que, depuis 2017, vous vous faisiez les apôtres de la dérégulation.

Dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre Jean Castex nous a annoncé le retour du commissariat au plan. Depuis quelques semaines, le Président Macron et ses ministres se passent le relais avec le MEDEF pour nous chanter les louanges d'une relance à 100 milliards qui ne pourra advenir trop tôt. Enfin, c'est le grand lavage à vert, avec la rénovation thermique, les pistes cyclables, les toitures photovoltaïques, et ainsi de suite. C'est au milieu de ce grand virage – hasard du calendrier, me direz-vous – que vous vous retrouvez en train de défendre votre action en 2019, à l'occasion de l'arrêt des comptes de cette année.

Soudain, c'est le hors-piste. En 2019, vous avez joué l'austérité – sans parvenir pour autant à réduire le déficit structurel. En effet, montré du doigt par un mouvement social d'une endurance sans précédent, vous avez dû lâcher du lest. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la droite sénatoriale n'a pas voté votre texte.

Monsieur le rapporteur général, vous avez tenté de montrer en quoi votre budget nous a permis de mieux affronter la crise. Voyons cela d'un autre point de vue : en 2019, vous avez supprimé quelque 4000 postes dans l'éducation nationale, deux fois plus qu'annoncé en loi de finances initiale. Je l'ai dit en première lecture, je le répète ici : cette politique est la mise en acte de l'orthodoxie budgétaire la plus absolue, contraire aux mesures que vous êtes en train de prendre.

La dépense en masse salariale ne permet pas l'ajustement au cycle économique. Elle ne peut pas être rapidement réorientée suivant les besoins politiques du moment. Elle crée avec les retraites une dette implicite qui effraie nos créanciers. Sur le plan comptable, la fonction publique vous semblait être un mauvais investissement. Donc vous avez raboté.

Désormais, vous avez beau jeu de décorer les blouses blanches de vos médailles…

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