Intervention de Philippe Chassaing

Séance en hémicycle du jeudi 23 juillet 2020 à 9h00
Débat d'orientation des finances publiques pour 2021

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Chassaing :

Le débat d'orientation des finances publiques est le premier rendez-vous du Parlement dans l'élaboration du budget annuel. Il est amené à s'exprimer sur les politiques publiques et sur l'orientation stratégique à donner à l'action de l'État. Après s'être déroulé dans un contexte inédit l'an dernier, alors que se tenait le grand débat national, il se tient cette année dans des circonstances tout aussi inouïes.

Au terme des mois éprouvants traversés par notre nation, il me semble en effet que ce débat d'orientation budgétaire a une double tonalité. Il traduit certes la dégradation généralisée de l'économie et les nombreuses incertitudes pour l'avenir, mais, en rappelant la robustesse de la puissance publique dans sa réponse à la crise, il véhicule aussi un message d'espérance et de mobilisation collective pour dessiner un nouveau chemin esquissé par le Président de la République et le Premier ministre.

Face à la crise et à l'affaiblissement des économies, la mobilisation massive et rapide des finances publiques a permis à notre pays de tenir bon « quoi qu'il en coûte ». Près de 500 milliards d'euros ont déjà été budgétés depuis le début de la crise sanitaire, sans compter le plan de relance : rares furent les moments dans l'histoire durant lesquels les pouvoirs publics se sont mobilisés avec une telle intensité pour soutenir l'économie, l'emploi, les collectivités territoriales, le système de santé, mais aussi les publics les plus vulnérables. Il n'y avait certes pas d'autre option, eu égard à la récession dont nous prenons chaque jour un peu plus la mesure grâce aux indicateurs macroéconomiques : un PIB en recul de 11 %, un taux de chômage qui sera peut-être supérieur à 10 %, sans oublier l'endettement, qui pourrait dépasser les 120 % du PIB.

N'oublions pas que cette capacité d'intervention inédite de l'État a été rendue possible par la gestion budgétaire sérieuse et sincère dont nous avons fait preuve ces dernières années. C'est le fruit d'une stratégie ambitieuse de réduction des prélèvements obligatoires et de maîtrise de la dépense publique à tous les niveaux. Cet effort sans précédent nous a permis de sortir de la procédure de déficit excessif, de stabiliser la dette publique, de réduire le chômage et de rendre du pouvoir d'achat à nos concitoyens. Cet effort nous a aussi permis de redonner de la marge aux collectivités territoriales et de financer les mesures d'urgence faisant suite au grand débat. Ces années de discipline collective nous donnent aujourd'hui la légitimité pour faire face à la crise sans entrer dans l'austérité budgétaire ni revenir sur nos engagements.

Ce cap est le bouclier qui nous a permis de préserver au maximum la vie économique et sociale de la nation ; il est la boussole qui doit encore nous guider pour bâtir la France de la confiance de demain. Par-delà la construction d'une économie post-covid-19, le plan de relance de 100 milliards doit être une réponse vigoureuse aux nouveaux défis. Le retour à la normale de l'activité pourrait advenir plus vite que prévu. On peut en effet estimer qu'il y aura un rebond du PIB à partir de 2021 ou 2022, avec un sursaut de la demande intérieure et un redressement de l'investissement productif.

Cette reprise sera aussi confortée par le plan de relance et par la transformation de notre modèle économique dont nous aurons à débattre dans le cadre de l'examen du prochain projet de loi de finances. Si, comme l'a rappelé le Premier ministre lors de sa déclaration de politique générale, « les crises ont ceci de singulier qu'elles jouent le rôle de révélateur » de nos forces et de nos faiblesses, la réponse à la crise doit être à la hauteur des enjeux. C'est pourquoi je tiens à saluer l'investissement en faveur des jeunes que constituent la réduction du coût du travail, la création de 300 000 parcours et contrats d'insertion, ou encore le doublement des places en service civique.

En plus de la jeunesse, une autre priorité d'avenir sera inscrite au coeur de la relance : la transition écologique et solidaire, qui est comme le disait le Premier ministre « notre affaire à tous ». Plus de 20 milliards d'euros seront investis et fléchés vers la rénovation thermique des bâtiments, l'alimentation locale, les énergies renouvelables ou encore les mobilités durables.

Pour suivre le déploiement de cette relance, nous disposerons de nouveaux outils de pilotage et d'évaluation, comme le budget vert qui servira à mesurer l'adéquation entre nos choix budgétaires et nos objectifs environnementaux. À l'évidence, ces innovations ne doivent pas nous exonérer de faire preuve de vigilance, en particulier à l'égard des plus fragiles. C'est pourquoi, au cours des prochains mois, je serai particulièrement attentif à la question du surendettement.

Pour conclure, j'ai le sentiment que ce débat nous offre l'opportunité de confronter utilement nos projets politiques et les voies pour y parvenir. Des finances saines et une trajectoire cohérente sont deux conditions nécessaires. Mais il faut en ajouter une troisième : la confiance. L'économiste Éloi Laurent dit qu'elle est une « institution invisible », nécessaire à notre vie en société. Au nom du groupe La République en marche, j'ai le sentiment que la trajectoire économique présentée aujourd'hui est de nature à ce que la confiance revienne très rapidement.

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