Intervention de Claire O'Petit

Séance en hémicycle du mercredi 29 juillet 2020 à 15h00
Bioéthique — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaClaire O'Petit :

Je veux répondre à ma collègue Monique Limon, qui nous invitait à penser à l'enfant. J'ai vécu cette situation : mon neveu est décédé d'un cancer alors que sa compagne était enceinte de deux mois. Leur fille a dix ans aujourd'hui ; elle va bien mais elle a vécu un traumatisme – évidemment. Elle a perdu son père sans l'avoir connu et lorsqu'elle veut le voir, elle ne peut se tourner que vers sa tombe. Elle s'y est rendue pour la première fois à l'âge de trois ans. Ce traumatisme est redoublé par l'idée inscrite en elle qu'elle est peut-être porteuse d'un cancer que son père a pu lui transmettre, puisque la maladie était déjà déclarée au moment de la conception. Le problème du traumatisme de l'enfant est réel – il ne faut pas l'oublier.

J'ai été également troublée, à l'instar de ma collègue Aurore Bergé, par la description de l'embryon comme d'un être en devenir. Attention à nos propos : certaines personnes et associations s'en serviront évidemment pour mettre en cause l'avortement. Nous avons là une responsabilité importante : je n'ai certainement pas envie de retourner quarante ans en arrière. Nous devons être attentifs à ne pas détruire, avec l'intention de donner une chance à une femme qui vit un drame épouvantable, d'autres acquis, en revenant sur ce débat unique. Je tiens à ce que nous puissions continuer à avorter, en respectant bien sûr les délais définis par la législation.

Un autre problème se pose, celui de l'égalité entre les couples, car il arrive qu'un projet parental soit interrompu au sein d'un couple par la mort du mari. Si le couple ne connaissait pas de problème de stérilité, le mari n'aura pas donné de gamètes et l'épouse survivante sera bien obligée de vivre avec ce drame et de renoncer au projet parental qu'elle avait conçu avec son conjoint. Faisons attention car les couples qui ne sont pas confrontés à la difficulté de la stérilité pourraient bien vouloir, eux aussi, donner leurs gamètes et profiter du dispositif de la PMA si leur projet parental était interrompu, quelques années plus tard, par le décès de l'homme.

Pour toutes ces raisons, je voterai contre ces amendements.

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