Intervention de Frédérique Vidal

Séance en hémicycle du vendredi 31 juillet 2020 à 15h00
Bioéthique — Article 17

Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation :

Madame Genevard, vous posez une question intéressante, à laquelle, en réalité, personne ne peut répondre. Le taux de 30 % provient des modélisations. Les expériences de chimérisme que j'ai en tête, concernant des espèces assez proches, comme entre le rat et la souris, montrent que la probabilité de chimérisme est de l'ordre de 1 sur 10 000, voire de 1 sur 100 000 – il me semble que la probabilité de chimérisme la plus élevée qui ait été observée s'élève à environ 4 %.

Notons que, quand on parle de chimérisme, il convient de faire attention : on ne parle pas de centaures ou de sirènes. Dès que vous êtes greffé, vous devenez une chimère. Je comprends votre inquiétude et il est important que nous ayons ce débat, qui a trait à l'éthique. Il faut que vous compreniez que le droit en vigueur, comme l'a rappelé le rapporteur, autorise l'introduction de cellules humaines dans des embryons animaux, et que cela se fait dans tous les laboratoires du monde. Ce dont nous souhaitons discuter avec vous, c'est de l'encadrement de cette autorisation ; voilà de quoi il est question, il me paraissait important de le rappeler.

La logique était la même tout à l'heure quand je disais que supprimer des alinéas reviendrait à ne pas encadrer certaines pratiques. S'agissant des embryons chimériques, nous cherchons ainsi à redéfinir formellement ce qu'il est possible de faire en matière d'introduction de cellules humaines dans des embryons animaux. Cette définition n'existe nulle part, si ce n'est dans le code rural, car, tout comme lorsque l'on souhaite exploiter des animaux, il est nécessaire de faire une demande d'autorisation pour utiliser des embryons animaux – même si les formalités sont logiquement très différentes.

J'en viens à la transgenèse. Dans le monde entier, il est interdit de réimplanter un embryon génétiquement modifié, et, à l'heure qu'il est, le savant chinois dont il a été question doit regretter les expériences qu'il a menées – s'il est encore en état de regretter quoi que ce soit. Néanmoins, nous avons besoin de comprendre ce qui se passe dans les stades précoces du développement embryonnaire, notamment pour toutes sortes de recherches dont il nous arrive de parler. Par exemple, si l'on ne comprend pas et donc que l'on n'arrive pas à soigner certains cancers pédiatriques, c'est parce que leur origine se situe au stade du développement embryonnaire.

L'éthique nous commande effectivement de réfléchir aux limites que nous nous fixons et à la manière d'encadrer des recherches qui, pour l'instant, n'ont pas besoin d'autorisations, puisque le droit n'en parle pas. Mais, s'il n'en parle pas, là encore, c'est parce que l'on ne savait pas le faire il y a quelques années, …

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.