Intervention de Xavier Breton

Séance en hémicycle du vendredi 31 juillet 2020 à 21h30
Bioéthique — Article 19 bis

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaXavier Breton :

Je retiens avant tout la condamnation unanime de l'eugénisme. Personne, sur aucun banc, n'aurait l'idée de déposer une proposition de loi avec le texte suivant : « Article 1er : 92 % des foetus porteurs de la trisomie 21 sont détectés. Article 2 : 95 % des foetus détectés porteurs de la trisomie 21 sont éliminés. » Car son auteur se sentirait engagé dans une démarche eugéniste en proposant de telles dispositions. Pourtant, c'est la réalité des chiffres dans notre pays. Le philosophe Jürgen Habermas appelle cela « l'eugénisme libéral » – peut-être pire encore que l'eugénisme d'État, parce qu'il fait porter la responsabilité aux parents. Là où l'État est incapable d'assumer le choix d'éliminer directement les personnes handicapées pour faire des économies dans son système de protection sociale, il fait porter la responsabilité du choix aux parents en leur disant : « Vous avez les moyens de détecter, faites après ce que vous voulez, ce sera à vous de voir. » Quelle hypocrisie !

J'entends les arguments en faveur du DPI-A d'un point de vue ponctuel développés par notre collègue Berta, de même que j'entends tout à fait l'argumentation de notre collègue Mignola, mais il faut mettre la question en perspective, car le DPI-A s'inscrit dans une démarche qui consiste à développer des techniques de procréation pour s'en assurer la maîtrise. Avoir un enfant, c'est l'accueillir, ce n'est pas le fabriquer. Voilà ma conception, partagée par nombre de collègues. Je ne dis pas que c'est la bonne, mais c'est celle que nous défendons. À partir du moment où on entre en ce domaine dans une logique de technique de production, uniquement fondée sur un désir devenu volonté, à partir du moment où on fonde la filiation uniquement sur l'adulte, l'on va vers une logique du zéro défaut. Et le DPI-A s'inscrit dans cette logique. D'où les réactions que chacun a pu constater, des réactions qui ne sont pas comme celles que nous pouvons avoir ici : regardez la vidéo de cette maman qui parle avec son coeur, qui a eu des dizaines de milliers de vues, et où elle exprime cette résistance de la société à ce que les promoteurs de cet article veulent faire. Il ne s'agit pas d'une remise en cause de la technique ponctuelle du DPI-A, qui vise à éviter des cas de toute façon condamnés. Là n'est pas la question : vous prenez toujours comme exemple des cas douloureux pour mieux nous prendre en otage et pouvoir faire évoluer la société vers la fabrication d'enfants zéro défaut.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.