Intervention de Paul Molac

Séance en hémicycle du mardi 14 novembre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Mission culture (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPaul Molac :

Trugarez vras aotrou prezidant – merci beaucoup, monsieur le président. Je ne vous ferai pas un cours d'histoire, mais vous savez que la République a été pour le moins chagrine vis-à-vis des langues régionales, qu'elle a essayé de mettre dans la tête des gens qu'il ne fallait plus les parler – et je sais, monsieur le président, que vos parents ont eu à en souffrir.

Aujourd'hui, la France est le pays d'Europe qui compte le plus de langues régionales : c'est un patrimoine phénoménal, qui compte pas moins de soixante-douze langues. Je vous recommande la lecture du rapport Cerquiglini à ce sujet. Même si l'on se limite aux frontières de l'Hexagone, notre territoire comprend la plus grande diversité de langues d'Europe : certaines sont d'origine germanique, d'autres d'origine celtique, et beaucoup d'autres d'origine romane.

Or on constate que ces langues souffrent de l'effet des politiques décidées sous la IIIe République : c'est pourquoi l'UNESCO les classe toutes en danger d'extinction rapide, à l'exception du basque – mais la meilleure santé de cette langue ne doit rien à la France et tout à la politique menée au Pays Basque espagnol. Il me semble que cette Assemblée traite ces questions avec une certaine désinvolture ; or si nous ne changeons pas de braquet au niveau de l'enseignement et de la culture, il ne nous restera de ce patrimoine linguistique que des souvenirs.

Certes, les langues régionales sont mentionnées à l'article 75-1 de la Constitution : vous y êtes du reste pour quelque chose, monsieur le président.

C'est pour toutes ces raisons que j'ai voté, tout à l'heure, l'amendement de Mme Mette ; c'est aussi pourquoi je voterai celui-ci. Sans doute la modification budgétaire qu'il vise à opérer n'est-elle pas la meilleure solution, mais cela permet d'appeler l'attention de l'Assemblée sur cette question. J'appelle en outre son attention sur le fait que les langues régionales de France n'ont toujours pas de statut propre. Dans tout notre droit, elles ne sont mentionnées qu'à deux reprises, uniquement à propos de l'enseignement : c'est évidemment insuffisant.

Je fais donc partie de ceux qui désirent ardemment que le Parlement se saisisse de cette question et qu'une loi permette à ces langues régionales de vivre.

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