Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mardi 14 novembre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Médias livre et industries culturelles

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Et si nous faisions des économies ? Et si, pour redonner leur indépendance aux médias et leur liberté aux journalistes, il fallait couper le cordon ombilical qui les relie à l'État et au pouvoir, quel qu'il soit ?

Je suis toujours étonnée d'entendre des journalistes qui, prétendant défendre une liberté de la presse bafouée, s'égosillent dès qu'on les critique, mais ne disent pas un mot du fait que les médias auxquels ils appartiennent vivent sous perfusion de l'État.

La liberté de la presse, c'est aussi – ou du moins ce devrait être – l'indépendance financière. Pour défendre cette liberté essentielle à la démocratie, dont elle est même l'un des piliers, il faut en finir avec les aides que l'État, sous différentes formes, attribue à la presse. Voilà une mesure facile à mettre en oeuvre et dont on est sûr qu'elle apportera davantage de liberté.

Quelques chiffres, pour le moins éloquents : si l'on additionne les aides directes et indirectes à la presse, l'État ne lui distribue pas moins de 2,5 milliards d'euros, une somme colossale qu'il faut mettre en rapport avec le chiffre d'affaires de la presse, soit 7,8 milliards en 2016. Le calcul est simple : l'ensemble des aides de l'État représente 32 % du chiffre d'affaires de la presse. Oui, 32 % ! C'est dire si la presse vit sous perfusion étatique !

Les politiques, de droite comme de gauche, d'hier et d'aujourd'hui, sont tellement désireux de séduire nos journalistes que pas un gouvernement n'a supprimé l'abattement qui permet à un journaliste de payer moins d'impôts que son voisin à revenus égaux. Quand on est parti à la chasse aux niches fiscales, on a comme par hasard oublié celle-ci.

Au nom de la liberté – de la liberté de la presse – , au nom de l'indépendance – de l'indépendance des médias – , nous devrions supprimer toutes les aides directes et indirectes dont bénéficient la presse écrite et la presse en ligne. Mais l'indépendance a un prix ; elle demande des efforts ; elle est exigeante ; en un mot, elle se mérite. Madame la ministre, êtes-vous prête à examiner sérieusement la suppression de ces subventions ?

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