Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mardi 14 novembre 2017 à 15h00
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Mission médias livre et industries culturelles (état b)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Je veux répondre aux observations qui viennent d'être faites. Vous parlez des municipalités, mais on ne peut pas rogner sur les subventions aux collectivités territoriales tout en leur demandant toujours plus d'efforts ! Je maintiens donc que la ligne proposée était la bonne : c'est sur elle qu'il fallait prendre pour donner aux kiosquiers.

L'amendement no 1191 concerne l'Agence France-Presse, qui a pour vocation de collecter, de vérifier, de recouper et de diffuser l'information de façon neutre, fiable et utilisable directement par tous.

Cette ambition est censée se traduire dans sa charte. Pourtant, une certaine gêne, voire une inquiétude, m'a saisie lorsque j'en ai lu l'article IV : « Les journalistes AFP acceptant de répondre à des sollicitations médiatiques doivent respecter les règles d'impartialité et d'équité de l'Agence. Ils ne doivent accepter les demandes d'interview que de médias respectés, et éviter les situations dans lesquelles ils peuvent être interrogés par des polémistes, ou dans lesquelles leurs propos peuvent être exploités aux fins de propagande. »

Questions : qui dresse la liste des médias « respectés » ? Qui décide que telle ou telle personnalité entre dans la catégorie des polémistes ? Qui juge que telle ou telle information est de la propagande ? Il y a de quoi s'interroger, et de quoi s'inquiéter quand on lit bon nombre de journalistes français, toujours prêts à jouer les donneurs de leçons, toujours prêts à vous faire la morale, toujours prêts à décider qui est fréquentable, qui ne l'est pas, toujours prêts à vous dire ce qu'il est acceptable de penser et ce qui ne l'est pas. Si nous ne devons pas mégoter notre soutien à l'AFP, la seule agence mondiale en français, je me permets donc d'appeler ses journalistes à une grande prudence dans le maniement de cet article de leur charte.

Pour conclure, j'aimerais évoquer un ancien président de l'AFP, Claude Moisy, qui fut longtemps en poste aux États-Unis avant de prendre les commandes de cette grande maison, et que je veux saluer ici. Claude Moisy se méfiait et se méfie encore de ces journalistes dans l'air du temps, toujours prêts à chasser en meute : une bonne morale et une belle ligne de conduite pour ceux qui furent mes confrères à l'AFP.

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