Intervention de Frédérique Vidal

Séance en hémicycle du lundi 21 septembre 2020 à 16h00
Programmation de la recherche — Présentation

Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation :

J'ai l'honneur de vous présenter le projet de loi de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030. Les occasions de parler de science au Parlement ne sont pas si fréquentes : cela fait quatorze ans qu'aucun texte comparable n'a été débattu par la représentation nationale. La révision des lois de bioéthique nous en a offert récemment la possibilité, mais sous un angle bien particulier : celui de la concordance entre les avancées de la recherche et les attentes de la société.

Venir parler de la recherche au Parlement, c'est, au fond, revenir à l'essence même de la démocratie. Qu'est-ce qui fonde en effet la vitalité du débat public et la légitimité de la délibération collective, sinon le partage d'un socle commun de connaissances et l'exercice de la raison ? La science est rarement débattue pour elle-même. Pourtant, toutes les discussions que vous menez chaque semaine se déroulent dans un hémicycle qui n'est pas sans rappeler un amphithéâtre universitaire, sous le regard de la communauté savante de L'École d'Athènes de Raphaël, tout récemment restaurée et réinstallée sur le mur derrière moi, qui invite à la recherche de la vérité. Au-delà des éminents savants qu'elle campe, cette reproduction des Gobelins nous dit quelque chose d'important et d'inaltérable sur ce qu'est une communauté scientifique. On y voit ce qui fait, aujourd'hui encore, sa force et sa vitalité : un brassage de disciplines et de personnalités ; des temps entremêlés de réflexion solitaire, de travail collectif, d'enseignement aux jeunes générations et de controverses entre pairs ; une véritable agora au service de la cité.

La République a su tisser avec ses savants un lien particulier. Notre communauté de l'enseignement supérieur et de la recherche fait notre fierté, et pour cause : si notre pays sait encore faire avancer le front de la connaissance dans tous les domaines, c'est avant tout grâce à leur engagement sans faille, leur passion de la connaissance et leur sens du service public.

Ce fonctionnement intime de la recherche, cette science en train de se faire, nous l'avons vue à l'oeuvre durant la phase la plus aiguë de la crise sanitaire déclenchée par l'épidémie de covid-19. Partout en France, toutes celles et ceux qui font vivre la recherche se sont mobilisés. Je songe naturellement aux chercheurs du consortium REACTIng, à ceux de l'Institut Pasteur, qui ont séquencé le génome du virus en un temps record, à ceux de l'INRIA – l'Institut national de recherche en informatique et en automatique – , qui ont développé StopCovid, mais également aux centaines d'équipes mobilisées au travers de l'ANR – l'Agence nationale de la recherche – , sur tout le territoire, dans nos universités et nos organismes nationaux. Je tiens solennellement à leur rendre hommage devant vous.

Avec eux, je souhaite remercier toutes celles et ceux qui, depuis plusieurs mois, sont engagés pour garantir la continuité du service public de l'enseignement supérieur et de la recherche, en menant une rentrée universitaire marquée par la crise sanitaire. Leur engagement est décisif, car, en ce moment même, dans les amphithéâtres, les laboratoires, les salles de travaux dirigés et les bibliothèques, se joue l'émergence des nouvelles générations de scientifiques, qui feront le devenir de notre pays dans les prochaines décennies.

Pourtant, malgré l'engagement de nos scientifiques, malgré notre histoire, malgré nos institutions scientifiques robustes, notre recherche étouffe. Il y a vingt ans, la stratégie de Lisbonne a fixé comme horizon l'année 2010 pour atteindre 3 % du PIB dédié à la recherche.

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