Intervention de Pierre-Alain Raphan

Séance en hémicycle du lundi 21 septembre 2020 à 16h00
Programmation de la recherche — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Alain Raphan, rapporteur de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

Dans d'autres disciplines, nous n'aurions pas progressé ni amélioré nos connaissances sur nos propres comportements sans investissements dans des projets, qu'il s'agisse de recherche fondamentale ou de recherche appliquée. Je pense à Henri Savall, qui a oeuvré plus de quarante ans sur notre rapport au travail et aux conséquences socioéconomiques des modes de management sur notre quotidien. Je pense aussi aux apports des recherches en histoire médiévale, que vous avez évoquées, madame la ministre, notamment concernant les conséquences de la peste noire sur la société, qui nous instruisent quant aux effets des pandémies. Je pense également à Audrey Dussutour et sa recherche sur le blob, un organisme unicellulaire qui fait preuve de très hautes capacités d'apprentissage et de résolution de problèmes, susceptible d'inspirer un modèle idéal pour de futurs outils de bioinformatique.

Enfin, nous constatons l'importance d'investir dans des projets de recherches liés à nos modes de déplacement, grâce à des partenariats public-privé. Une première française s'est ainsi déroulée à Saclay la semaine dernière, avec une démonstration de navire télé-opéré, qui révolutionne notre rapport à l'autonomie maritime ; cette innovation pourra même à l'avenir sauver la vie de nos soldats. Airbus offre un autre exemple, en annonçant des avions 100 % à hydrogène.

La recherche continuera donc à nous questionner, à nous bouleverser, et nous permettra d'aborder les grands défis de demain avec plus de confiance et de sérénité. Le XXe siècle a été celui du quantitatif ; le XXIe siècle doit être celui du qualitatif.

Nous avons fait oeuvre de responsabilité pour enrichir ce texte déjà ambitieux, grâce à une très grande qualité d'écoute de la ministre et du Gouvernement.

Dès l'article 1er, nous avons précisé que l'objectif de 3 % du PIB pour le financement de la recherche était un minimum et qu'au moins 1 % du PIB serait consacré aux dépenses des administrations.

Nous avons instauré des mesures d'information et de contrôle du Parlement, en demandant au Gouvernement un rapport d'exécution budgétaire préalable au débat annuel d'orientation des finances publiques. Cette disposition a été complétée par une clause dite « de revoyure » pour actualiser la programmation tous les trois ans, afin d'assurer l'adéquation des moyens, notamment financiers, aux objectifs fixés.

De plus, nous avons adopté, à l'article 10, plusieurs amendements tendant à renforcer la crédibilité et l'intégrité de la science, à redéfinir profondément le cadre juridique régissant le Haut Conseil de l'évaluation de la recherche et de l'enseignement supérieur, notamment en le consacrant autorité publique indépendante et en révisant sa gouvernance.

Parce qu'il ne faut pas avoir d'a priori sur l'excellence, nous devions nous interroger sur les relations que notre société entretient avec la science. À ce titre, nous avons proposé de renforcer les moyens permettant une meilleure diffusion de la science dans la société et de mieux mettre en relation les projets de recherche scientifique avec les initiatives de participations citoyennes, comme dans le cadre des recherches participatives. Quelques projets de cet ordre connaissent déjà un certain succès, comme FRIPON et Bakery, ainsi que des initiatives, comme JEDI, qui met en relation chercheurs, citoyens et entreprises autour de sujets technologiques au service des grandes transitions. Nous avons également renforcé la définition de la vision de la recherche française, en précisant un certain nombre de points dans le rapport annexé.

Nous avons été nombreux à vouloir guider l'excellence scientifique française, en la mettant sous la clé de sol des dix-sept objectifs de développement durable, dont nous fêtons cette semaine les 5 ans. Cela signifie qu'il nous reste dix ans pour atteindre les objectifs de cette feuille de route.

Au-delà, nous avons veillé au suivi des jeunes docteurs ayant effectué une partie de leur parcours professionnel à l'étranger et à une meilleure représentation des sexes dans la recherche, pour tendre à l'égalité.

Nous avons mis l'accent sur diverses thématiques que la recherche devra prendre en considération, comme la forêt et les océans, et sur l'amélioration des procédures de gestion des ressources humaines.

Nous avons donné une meilleure impulsion à la trajectoire budgétaire par la mobilisation d'une part importante des ressources du plan de relance et du PIA4, qui doit augmenter d'environ 40 % pour la période 2021-2030, par rapport aux financements obtenus en 2020 au titre du PIA précédents.

La science a contribué à changer notre vision du monde et à améliorer les conditions de vie de chacun d'entre nous ; nous devons donc employer tous les moyens pour la soutenir.

Je ne peux pas terminer cette intervention sans citer l'exceptionnel Edgar Morin, qui nous invite collectivement à développer une méthode rigoureuse, à ne pas sombrer dans la facilité, mais plutôt à développer une pensée complexe au service de l'anthropo-éthique, de l'humanité, de la planète et du vivant. Conscients de la responsabilité qui nous incombe vis-à-vis des générations futures, nous voterons avec la plus grande des fiertés pour le projet de loi sur la programmation pluriannuelle de la recherche.

1 commentaire :

Le 27/09/2020 à 09:12, Laïc1 a dit :

Avatar par défaut

"De plus, nous avons adopté, à l'article 10, plusieurs amendements tendant à renforcer la crédibilité et l'intégrité de la science,"

Science sans conscience n'est que ruine de l'âme.

Vous trouvez ce commentaire constructif : non neutre oui

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.