Intervention de Valérie Rabault

Séance en hémicycle du lundi 21 septembre 2020 à 16h00
Programmation de la recherche — Motion de rejet préalable

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Rabault :

Or, aborder la recherche devant nous autres parlementaires, responsables politiques, c'est nous offrir l'occasion de nous confronter au progrès et, je l'espère, de manière enthousiaste.

Pour citer un exemple, le 14 septembre 2015, l'expérience a montré l'existence d'ondes gravitationnelles. La France, l'Italie et les États-Unis étaient à l'origine de cette avancée majeure. Découvrir les ondes gravitationnelles, c'est donner une illustration à la théorie élaborée par Einstein en 1905 sur la relativité générale, qui énonce que la gravitation est au fond une courbure entre l'espace et le temps. On pourrait en tirer une dissertation philosophique, mais résumons en disant que, si l'on comparait deux horloges identiques, celle qui aurait séjourné dans un champ de gravitation retarderait par rapport à l'autre. C'est un des exemples des avancées extraordinaires, presque magiques, réalisées dans le champ scientifique et découlant de programmes qui, pour beaucoup, ont été décidés avant 2010 et financés au cours des années passées. Nous serons comptables vis-à-vis des générations futures de ce que nous décidons ou ne décidons pas aujourd'hui.

Pour voter une loi de programmation sur la recherche, il est nécessaire de se projeter dans un univers inconnu, ce qui est par définition vertigineux. Mais on peut tout de même aborder le vertige avec sérieux et rigueur. Pour cela, je le répète, il faut pour le moins établir un cadrage budgétaire reposant sur des hypothèses sérieuses, ce que vous n'avez pas fait.

Comme l'a dit le mathématicien Henri Poincaré, cher à notre collègue Cédric Villani : « Les découvertes mathématiques, petites ou grandes, ne naissent jamais d'une génération spontanée. » Celle-ci n'existe pas dans la recherche, où ne comptent que les efforts des chercheurs, leur travail, leur enthousiasme et leur volonté. Pour que cet enthousiasme rayonne dans le pays, il faut qu'il soit porté au plus haut niveau de l'État. La légende raconte que Barack Obama recevait chaque semaine le chief science advisor des États-Unis pour faire le point sur les grands enjeux de recherche. En France, l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, où siègent certains d'entre vous, que je salue, a déploré, dans son rapport de 2017, le faible engagement, au plus haut niveau de l'État, quelle que soit la majorité au pouvoir.

C'est pourquoi nous prônons un changement de culture au plus haut niveau de l'État. Nous proposons que soit créé un Conseil stratégique de la recherche, à l'instar du Conseil de défense et la sécurité nationale ; il serait présidé par le Président de la République et se réunirait, au moins deux fois par an, pour discuter des grands arbitrages.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.