Intervention de Michel Larive

Séance en hémicycle du mardi 22 septembre 2020 à 15h00
Programmation de la recherche — Article 1er et rapport annexé

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Larive :

Je m'associe aux propos de ma collègue Faucillon. D'après l'article paru dans Le Monde ce matin, le Gouvernement prévoit de créer une « maison de la science et des médias ». Votre ministère a visiblement davantage de moyens que l'audiovisuel public, qui sera amputé de 2 000 postes. Je souligne d'ailleurs que des journalistes scientifiques travaillent dans l'audiovisuel public, et que c'est un métier.

Vous entendez créer cette « maison » – un bien joli nom pour désigner la mise sous tutelle de l'information scientifique – sous prétexte de lutter contre les fausses nouvelles et le populisme, pour reprendre vos éléments de langage. Cette dérive m'inquiète.

Parlons du Science media center britannique : il s'agit d'un véritable instrument d'influence, dont un tiers du financement repose sur le secteur privé, c'est-à-dire sur de grosses industries pharmaceutiques comme Sanofi et consorts. Vingt des cent experts le plus mis en avant dans cette instance ne sont pas des scientifiques, mais des lobbyistes. Certains sont même climatosceptiques.

Votre volonté de fournir une science officielle aux médias m'inquiète véritablement. Elle risque à mon sens d'aggraver la défiance à l'égard des médias comme de la science.

Pour améliorer la connaissance scientifique, objectif que je partage bien évidemment, il faut des journalistes scientifiques, et ce dans toutes les rédactions. Je le répète, c'est un véritable métier. En les soutenant, vous remplirez l'objectif de M. Chouat qui semble partagé par M. le rapporteur, puisqu'il existe des rédactions régionales. Encouragez la présence de journalistes scientifiques dans les rédactions régionales et dites à vos collègues du ministère de la culture de cesser de fermer les antennes régionales de l'audiovisuel public !

Voilà ce qu'il faut faire, plutôt que de créer une agence de communication, laquelle, qu'elle soit privée ou gouvernementale, sera surtout une officine de lobbyistes – ou en tout cas, perçue comme telle.

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