Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mardi 22 septembre 2020 à 15h00
Programmation de la recherche — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

La recherche française ne se porte pas bien, le phénomène n'est pas nouveau. À grands coups de coupes budgétaires, décennie après décennie, le leitmotiv est depuis trop longtemps : « Débrouillez-vous avec les moyens du bord ! » Malheureusement, le système D a ses limites comme l'atteste l'Index 2019 publié par la prestigieuse revue Nature où l'on constate que les États-Unis sont une nouvelle fois en tête et que la Chine continue sa percée. La France, quant à elle, est au sixième rang derrière l'Allemagne, le Royaume-Uni et le Japon.

Nous pourrions nous dire que ce n'est pas si mal mais ce serait oublier que la France est le pays du top 10 qui a connu le recul le plus marqué avec une baisse de performances de 7,6 %. Il serait toutefois injuste d'en rester à ce constat car notre pays est aussi numéro 3 en mathématiques, numéro 4 en physique et qu'il demeure en bonne place en sciences de l'espace, en immunologie, et en microbiologie. Pour le reste, malheureusement, les choses sont plus compliquées.

Autre problème qui n'est pas sans lien d'ailleurs avec ce déclin : la fuite des cerveaux. La situation n'est pas nouvelle. Une étude avait déjà révélé qu'entre 2003 et 2008, sur 400 jeunes chercheurs français partis à l'étranger, 57 % résidaient encore dans leur pays d'accueil trois ans après leur départ de France. Comment pourrait-il en être autrement quand on sait que, dans le public, les salaires se situent entre 2 000 et 3 000 euros par mois en moyenne et dans le privé, jusqu'à 4 000 euros, loin des 136 000 dollars annuels qu'un chercheur scientifique peut gagner en moyenne aux États-Unis ?

Pour certains, ce phénomène s'explique par une centralisation des instituts de recherche qui donne l'illusion que la France est toujours dans la course alors qu'en fait le monde de la recherche manque de souffle et de dynamisme. Preuve en est qu'il n'y a plus de nouveaux pôles de recherche dans notre pays.

Malheureusement, comme nous pouvons le voir avec cet article 2, le faible niveau des autorisations d'engagement accordées à l'Agence nationale de la recherche est problématique – même si je ne nie pas qu'elles progressent.

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