Intervention de Frédérique Vidal

Séance en hémicycle du mardi 22 septembre 2020 à 21h30
Programmation de la recherche — Article 3

Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation :

Ce que je veux pour la recherche française, c'est le meilleur, c'est-à-dire la capacité à préserver le temps long. Nous avons besoin, pour ce faire, d'une stabilité que beaucoup de pays nous envient. C'est pourquoi il importe que nous conservions des emplois de titulaires de la fonction publique pour animer la recherche. Ce Gouvernement prévoit d'ailleurs de financer la création de 5 200 emplois supplémentaires sous plafond.

Mais ce que je veux, c'est aussi, dans le respect de la responsabilité et de la liberté des chefs d'établissement, donner à ces derniers la possibilité de recruter des profils atypiques, se situant par exemple au croisement entre deux disciplines – car il n'est pas un défi actuel qui ne soit pas complexe et ne nécessite pas de faire appel à des spécialistes à la croisée des disciplines.

Ce que je veux, c'est permettre à nos établissements d'attirer les meilleurs chercheurs internationaux dans des disciplines rares, plutôt que de les voir partir vers d'autres pays.

Voilà ce que je souhaite pour notre recherche : de la liberté, de la responsabilité, des moyens, du temps et de la visibilité – tout ce que garantira l'adoption de ce texte.

J'entends les arguments qui ont été avancés pour réduire le pourcentage maximal de recrutements effectués au travers de cette nouvelle voie – dont je rappelle qu'elle prévoit spécifiquement, pour chaque contrat signé, la création d'un emploi de professeur ou de directeur de recherche. L'immense majorité des personnes qui seront recrutées par ce biais seront titularisées.

Je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit tout à l'heure, car je n'ai visiblement pas été comprise, mais croyez-moi : lorsque trois, quatre ou cinq ans après l'obtention de son doctorat, une femme a la possibilité de présenter son projet, d'être retenue pour la qualité de son travail, pour sa personnalité, pour sa capacité à mener une recherche et qu'elle devient ensuite directement, sur décision d'une commission, professeur ou directeur de recherche, cela n'a rien à voir avec sa capacité à faire le ménage, mais elle s'en porte beaucoup mieux – je peux en parler en toute connaissance de cause. Fermons cette parenthèse et revenons à la question du pourcentage.

Le débat porte, cela a été rappelé, sur 1 400 recrutements de ce type dans les dix prochaines années, soit 140 recrutements annuels. À titre de comparaison, 1 000 recrutements de directeurs de recherche ou de professeurs d'université sont prévus en 2020, tandis qu'en 2027, 1 300 professeurs d'université et 500 directeurs de recherche seront recrutés – c'est la démographie qui veut cela. Voilà où nous en sommes et ou nous en serons. Comprenez donc bien que les chiffres concernés restent modestes au regard de la capacité à recruter dans les corps de directeurs de recherche ou de professeurs par les concours classiques.

Madame Ménard, vous m'avez interrogée sur les petites universités. Je vous répondrai spécifiquement – ainsi qu'à votre collègue – dans le cadre du mode de recrutement proposé. Il est important que les petites universités restent attractives, dites-vous. Mais si une université ouvre quatre postes de professeurs dans l'année et que nous plafonnons, comme vous souhaitez le faire, le nombre de chaires à 10 % des recrutements annuels, elle n'en ouvrira jamais. L'équilibre auquel nous sommes parvenus en commission – en abaissant le plafond de 25 % à 20 %, sauf lorsque moins de cinq recrutements annuels sont effectués – me semble précisément de nature à permettre aux petites universités d'être elles aussi attractives et de faire venir des profils particuliers, parce qu'il n'y a pas de raison que ces derniers soient réservés aux très grandes facultés : ils doivent irriguer l'ensemble du territoire.

Voilà pourquoi, sur cette question, il me paraît important de préserver l'équilibre trouvé en commission. Avis défavorable à tous les amendements.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.