Intervention de Philippe Gosselin

Séance en hémicycle du jeudi 1er octobre 2020 à 15h00
Prorogation de l'état d'urgence sanitaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Gosselin :

Loin du résumé totalement tronqué qu'a fait Mme la rapporteure, chacun a pu constater, en nous écoutant sereinement, que nous étions responsables. Nous avons bien compris que la pandémie regagnait du terrain, qu'une seconde vague n'était pas à exclure et qu'ici et là – et non pas ici ou là – plusieurs foyers s'étaient déclarés et se développaient. Nous considérons donc évidemment qu'il est important de prendre des mesures, y compris certaines de celles qu'a proposées le Gouvernement. Personne ne dit le contraire.

En revanche, je tiens à mettre l'accent sur un deuxième aspect, que vous ne devez pas négliger : s'il faut bien sûr prendre en considération l'exigence de protection de la santé, il faut concilier celle-ci avec le respect des libertés publiques et individuelles. Or nous semblons atteints du syndrome de la grenouille : on nous endort gentiment, on nous plonge dans une forme de léthargie si bien que nous nous accoutumons à voir nos libertés publiques et individuelles réduites. Pour un peu, on rétablirait le couvre-feu cela ne surprendrait personne !

La peur étant un sentiment très partagé, on finirait presque par estimer que les grincheux se trouvent du côté des défenseurs de la liberté, parmi lesquels la droite – je vous le rappelle, madame la rapporteure – s'est illustrée hier comme aujourd'hui. Eh bien non ! Il faut concilier la liberté, principe démocratique, avec la protection de la santé, autre principe à valeur constitutionnelle, défini comme tel pour la première fois par le Conseil constitutionnel le 11 mai 2020.

Dans cette perspective, nous affirmons simplement qu'il est important que le Parlement reste le coeur battant de la démocratie, un organe de contrôle. Certes, comme vous l'avez dit, nous nous réunissons pour la quatrième fois depuis le mois de mars. Mais nous vous confions les clés jusqu'au 1er avril, ce qui représente six mois, une durée trop longue selon nous.

Nous sommes d'accord avec certaines mesures car nous constatons nous aussi que la pandémie regagne du terrain. Nous estimons cependant que nous avons besoin de nous revoir régulièrement et que la représentation nationale – l'Assemblée nationale comme le Sénat – est le lieu légitime du débat démocratique. Nous déplorons qu'un ministre préfère une fois encore se rendre sur les plateaux de télévision. Je n'ai rien contre les médias, dont le rôle est d'informer et qui constituent un pouvoir important dans une démocratie, mais il faut respecter certaines forces symboliques. Voilà pourquoi nous nous opposons, non pas nécessairement à l'ensemble des propositions, mais aux moyens mis en oeuvre pour les appliquer.

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