Je m'inquiète que les arguments ayant servi à la reconduction de l'état d'urgence pour raisons de terrorisme soient repris ici : on ne pourrait pas se passer des mesures transitoires car y mettre fin serait reconnaître que l'état de la menace a changé… À la fin, ce raisonnement n'a pas plus de sens. En outre, devant la commission des lois, Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé, a dit qu'il avait besoin de ce texte au cas où la situation sanitaire redeviendrait problématique dans certaines grandes villes. Cependant, avant même que nous n'abordions les articles en commission, il faisait déjà, le lendemain de son audition, des annonces dans la presse pour dire que la situation sanitaire avait encore changé et que de nouvelles mesures étaient prises, annihilant ce qu'il avait dit la veille. Nous revivons le même épisode en ce moment même. On pilote à vue.
Nous voyons bien que la variable d'ajustement de votre impréparation sur le terrain – les lits de réanimation en Seine-Saint-Denis en sont un parfait exemple – , ce sont les libertés individuelles.
Et vous ne l'assumez pas ! Mais au moins assumez-le, que les gens comprennent pourquoi on les contraint aussi fortement : reconnaissez que le Gouvernement n'a pas suffisamment rouvert de lits de réanimation, que vous êtes à la ramasse pour fournir des blouses dans les hôpitaux, à la ramasse pour fournir des personnels soignants,