Intervention de Mathilde Panot

Séance en hémicycle du vendredi 2 octobre 2020 à 9h00
Accélération et simplification de l'action publique — Article 33

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Monsieur le ministre, vous dites que l'État se donne les moyens, que vous soutenez les agents de l'ONF et que vous voulez leur donner une vision. Mais les moyens, visiblement, on ne se les donne pas puisque vous êtes en train d'expliquer à ces agents qu'il devront accomplir plus de missions avec moins de moyens. Faire mieux avec moins, ça n'existe pas, monsieur le ministre !

Par ailleurs, il est très intéressant que vous parliez des scolytes et de la sécheresse dont souffrent les peupliers et les frênes, car qui mieux que les agents de l'ONF, qui se trouvent en permanence sur le terrain, peut savoir ce que nous devons faire en la matière ? L'ONF expérimente d'ailleurs des îlots d'avenir dans notre pays. Si vous affaiblissez l'expertise humaine dans le domaine des forêts publiques, comment voulez-vous que nous soyons à la hauteur des enjeux qui la concernent actuellement, qu'il s'agisse des maladies, de la sécheresse ou, plus largement, du changement climatique ?

En 2000, l'ONF avait d'ailleurs été chargée d'un large diagnostic sur le dépérissement – nous en avions parlé en commission spéciale. Il s'agissait d'un travail colossal et de la plus haute importance pour nos politiques publiques, mais, aujourd'hui, l'ONF ne serait plus capable de l'accomplir, car il a été profondément affaibli.

Je m'étonne également qu'en tant que ministre vous disiez qu'un salarié de droit privé peut accomplir exactement la même mission d'intérêt général qu'un fonctionnaire. Compte tenu de votre fonction, vous ne pouvez pas dire cela. Dans le cas contraire, à quoi sert-il de conserver le statut de fonctionnaire ? Celui-ci a été pensé pour que les personnels soient au service de l'intérêt général et, surtout, du temps long. Or, lorsque l'on parle des forêts, on parle précisément du temps long. Vos propos, venant d'un ministre de la République, sont donc inacceptables.

Je terminerai en disant qu'au fond, il ne s'agit que d'une question d'argent, car un agent contractuel coûte en moyenne 20 % moins cher qu'un fonctionnaire.

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