Intervention de Julien Dive

Séance en hémicycle du lundi 5 octobre 2020 à 16h00
Mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJulien Dive :

Voilà plusieurs années désormais que la filière betterave à sucre est plongée dans une crise structurelle, la crise de son modèle. Les fermetures de sucreries ne surprennent plus et le nombre de ceux qu'on appelle trivialement des planteurs est en baisse. J'étais moi-même, en février 2019, aux côtés des centaines de salariés de la sucrerie d'Eppeville en Picardie qui venait d'annoncer sa fermeture. En France, la filière sucre – hors planteurs – représente 45 000 emplois directs. Rares sont les secteurs agricoles aussi intégrés dans le monde de l'industrie. Si rien n'est fait, nous serons responsables d'un des plus vastes plans sociaux de France, qui se prépare sous nos yeux.

Le texte que nous examinons aujourd'hui ne doit cependant pas être l'occasion d'opposer économie et écologie. Ce serait faire fausse route. Ce texte représente sans doute le moindre mal : une réponse de court terme qui donnera du souffle à une filière française – la première d'Europe dans son domaine – menacée de disparition. C'est aussi un coup de pouce assumé pour l'amener à accélérer sa transition vers l'agroécologie, un palliatif des pratiques bien plus néfastes pour l'environnement qui se sont généralisées.

La décision qui peut être prise dans quelques heures ne doit pas être tremblante, elle devra être exigeante. Exigeante sur son champ d'application : la betterave sucrière et rien d'autre. Exigeante sur les devoirs des acteurs de la filière, dont la conversion au bio est très insuffisante – moins de 1 % – et que nous exhortons à faire des efforts dans les prochaines années. Exigeante auprès des semenciers et des chercheurs, dont nous attendons une solution de rechange rapide et pérenne à l'usage des néonicotinoïdes enrobés.

Oui, car c'est bien de cela dont il s'agit et de rien d'autre : autoriser de manière dérogatoire, sous conditions strictes, avec une réduction des doses, dans un délai court et seulement en enrobage, l'application de cet insecticide sur les semis de betteraves sucrières pour lutter contre le puceron vert porteur du virus de la jaunisse qui a ravagé cette année les parcelles conventionnelles comme les parcelles bio.

Pour lutter et sauver leurs cultures, en 2020, les producteurs n'ont pu avoir recours qu'à une solution du pire : pulvériser d'autres insecticides autorisés. Une pulvérisation non ciblée, contrairement à l'enrobage, multipliée et affectant bien plus les insectes auxiliaires, eux-mêmes prédateurs du puceron. Rappelons aussi qu'avant 2016, cette substance chimique était utilisée partout en France, …

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