Intervention de Thierry Benoit

Séance en hémicycle du lundi 5 octobre 2020 à 16h00
Mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Benoit :

Stéphane Travert disait que vous étiez en train de tenir les promesses de vos prédécesseurs. Je l'aime bien et j'ai envie de lui dire que vous réparez aussi leurs bêtises et que, comme vous êtes indulgents, vous rappelez ces prédécesseurs au Gouvernement. Je pense évidemment à Mme Barbara Pompili.

Il y a quatre ans, je m'étais abstenu : j'avais laissé l'interdiction passer car je considérais, malgré tout, que les choses allaient dans la bonne direction sachant qu'il y a de façon générale, pour notre planète, un problème avec les produits phytosanitaires.

Ce qui est gênant, c'est que quatre ans plus tard, l'état écologique de la planète s'est détérioré. Je regarde mon collègue Jimmy Pahun, élu dans une circonscription maritime de Bretagne : nous sommes bien d'accord sur le constat. Les inquiétudes sont plus grandes aujourd'hui qu'il y a quatre ans, et l'état écologique de la biodiversité est préoccupant.

C'est vrai, il ne faut pas opposer écologie et économie. Nous avons tous en tête les images des champs de betteraves jaunis à la fin du mois d'août après les attaques de pucerons. Cependant, une chose m'ennuie dans ce débat : la France n'a pas la maturité pour organiser la transition écologique, ce qui fait que nous sommes dans une impasse. Cela m'a amené, comme une marque de confiance et par respect à l'égard des producteurs et de la filière industrielle de la betterave sucrière, à déposer un amendement avec quelques collègues, au nom du groupe UDI et indépendants, afin de déroger à l'interdiction des néonicotinoïdes pendant un an. Je souhaite contraindre l'INRAE et l'ITB à réaliser le travail qui n'a pas été réalisé depuis quatre ans. Monsieur le ministre, vous nous expliquiez tout à l'heure que nous avions besoin de temps – mais quatre ans, c'est déjà énorme, d'autant que vous nous proposez d'en reprendre pour trois ans, soit un total de sept ans ! Nous avons déjà laissé du temps passer ; j'aimerais que l'on s'en tienne à un an, quitte à voir à l'issue de ce délai comment les choses auront évolué. J'aimerais vraiment que mon amendement soit examiné avec la plus grande attention.

La question de la rémanence constitue pour moi un autre sujet de préoccupation. En commission, monsieur le ministre, je vous ai interrogé sur la persistance des néonicotinoïdes dans certaines natures de terre et dans les plantes qui pourraient succéder aux cultures de betteraves dans le cadre de plans d'assolement – même si ces plantes ne sont pas mellifères, puisque nous avons décidé que les plantes mellifères ne pourraient pas remplacer les cultures de betteraves pendant deux ans. La question de la rémanence se pose pour le sol, pour les plantes et surtout pour l'eau.

J'en viens à la question de l'Union européenne. Vous nous expliquez que si nous ne prenons pas de mesures d'urgence, car c'est bien de cela dont il s'agit, les Belges ou les Polonais structureront leurs filières et concurrenceront la nôtre. C'est une réalité, mais je me demande ce que l'Union européenne peut bien fabriquer. Si elle ne sert à rien en matière d'environnement, d'écologie, de biodiversité, de qualité de l'air et de l'eau, c'est un vrai problème.

Enfin, il me semble qu'il manque véritablement un pan entier à ce débat – je l'ai dit l'autre jour à Mme Christiane Lambert, la présidente de la FNSEA, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles – : on nous a beaucoup parlé des producteurs de betteraves, de l'industrie sucrière et des 45 à 50 000 emplois de la filière, mais on n'a pas suffisamment parlé des apiculteurs.

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