Intervention de Olivier Falorni

Séance en hémicycle du lundi 5 octobre 2020 à 16h00
Mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Falorni :

Quel combat avait-il fallu mener ici même, il y a quatre ans, pour obtenir l'interdiction des néonicotinoïdes ! Quel combat avait-il fallu mener pour faire prendre conscience qu'ils représentaient un danger massif ! À l'époque, c'était devenu une évidence pour une faible majorité d'entre nous.

Les néonicotinoïdes sont un poison et l'agrochimie est une prison pour les cultivateurs. En nous opposant à votre texte, nous refusons ce poison et cette prison.

De nos jours, la nocivité des néonicotinoïdes sur les pollinisateurs peut difficilement être contestée, même quand ils sont utilisés à faible dose. D'autres insectes – papillons ou coléoptères – sont affectés et, par ricochet, c'est toute la chaîne alimentaire qui s'en trouve déséquilibrée. Ces substances contribuent à la baisse inquiétante de la biodiversité que révèlent de nombreuses études.

La flore est, elle aussi, durablement touchée. Les cultures non traitées par des néonicotinoïdes peuvent être polluées par les résidus contenus dans le sol du fait des précédents culturaux. Pire, la teneur en néonicotinoïdes dans le sol augmente par accumulation lorsque les cultures sont traitées régulièrement.

J'entends certains dire que les néonicotinoïdes ayant une certaine rémanence, ils ne peuvent se retrouver dans les eaux ou que, lorsqu'ils se retrouvent dans les eaux, ils ne sont plus dans les sols. Or, dans les sols comme dans les eaux, leurs effets sont dévastateurs, et cela durablement.

J'entends également, s'agissant de la culture de la betterave, l'argument de l'absence de floraison avant la récolte ou encore celui du faible exsudat par guttation, ces deux caractéristiques ayant pour effet de limiter l'impact des néonicotinoïdes sur les pollinisateurs. Ceux qui avancent ces arguments nous disent qu'il suffirait d'interdire les plantations attractives pour les abeilles à proximité des champs de betteraves. Je me contenterai de leur rappeler la rémanence des néonicotinoïdes. Autoriser ces insecticides par décret pour les trois années à venir, c'est s'exposer à les retrouver dans nos sols et dans notre eau pendant au moins deux fois plus de temps, et combien de temps dans notre assiette ?

Quant au débat sur la limitation de la dérogation aux seules betteraves, il soulève plusieurs questions. Que se passera-t-il, tout d'abord, en cas de censure de l'article 2 par le Conseil constitutionnel ?

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