Intervention de Alexis Corbière

Séance en hémicycle du lundi 5 octobre 2020 à 16h00
Mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlexis Corbière :

C'est un plaisir de constater la convergence d'arguments de grande qualité qui émanent de différents groupes. Je tiens à féliciter tous les orateurs que j'ai pu entendre.

Monsieur le ministre, voyez : quelle que soit par ailleurs nos approches vis-à-vis de la politique menée par le Gouvernement, nous convergeons sur cette question.

Alors que tant d'arguments ont déjà été donnés, je souhaite revenir sur vos propos de tout à l'heure, monsieur le ministre, parce qu'ils sont intenables du point de vue de la rigueur intellectuelle. Alors que vous soulignez vous-même que la grande question est de savoir comment sortir des néonicotinoïdes, la réponse que vous apportez est d'y revenir. Cela n'est pas entendable !

Dernièrement, on a beaucoup invoqué les Lumières – mais qu'est-ce qui les empêche de triompher, en général ? L'obscurantisme ou les arguments financiers. Je vous accuse d'être guidé non par le premier, mais par les seconds.

Écoutez la science ! Vous évoquez un risque pour notre souveraineté, mais le vrai risque, c'est la disparition des pollinisateurs, comme cela a été dit. Vingt ans d'études scientifiques, 1 220 études réalisées dans le monde entier établissent les effets hautement toxiques des néonicotinoïdes, vous le savez. Ils affectent la biodiversité, la qualité des sols. Depuis leur introduction, dans les années 1990, la production de miel en France a été divisée par trois, et la France importe plus de 70 % du miel consommé sur son sol.

En 2017, une étude a révélé que 80 % de la biomasse des insectes volants a disparu en Europe en moins de trente ans ; les colonies d'abeilles ont été décimées de près de 37 % dans l'ensemble de l'Union européenne en raison de ces produits. En octobre 2019, des scientifiques du CNRS et de l'INRA – l'Institut national de la recherche agronomique – ont démontré que la pollinisation des abeilles, d'ailleurs gratuite, est bien plus avantageuse que l'utilisation des pesticides. Les arguments donnés par la science sont nombreux.

Nous pouvons faire autrement. Or vous vous enfermez dans une logique dévastatrice.

Je terminerai en rappelant qu'un des facteurs qui pénalisent la filière de la betterave, que vous voulez défendre, est le changement climatique. C'est lui qui est responsable de la sécheresse ! Le mode de production agricole est remis en cause par le climat lui-même.

Tout se tient dans cette affaire : le bon sens, la science et l'intérêt général demandent de supprimer l'article 1er.

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