Intervention de Thierry Benoit

Séance en hémicycle du mardi 6 octobre 2020 à 15h00
Mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Benoit :

Je regrette en effet que les députés soient conduits à confier au Gouvernement une délégation pour signer durant trois années successives des arrêtés permettant de déroger à l'interdiction d'utilisation des néonicotinoïdes. J'aurais préféré – tel était le sens d'un amendement que j'ai défendu hier – que les députés décident d'accorder une dérogation d'un an à l'interdiction : vous auriez, pendant ce délai, travaillé avec l'INRAE, l'Institut technique de la betterave et les industriels de la filière, et vous seriez revenus rendre compte devant les parlementaires, avec Mme Pompili et le ministre de la santé. Peut-être alors, dans un an, si la réalité du terrain le nécessitait, aurions-nous donné à ce dispositif une perspective supplémentaire.

Il est encore un deuxième point qui m'interpelle, et à propos duquel je vous avoue que je ne suis pas encore convaincu, malgré l'instauration d'un conseil de surveillance chargé de mener un travail consciencieux. J'ai, en effet, de très grandes craintes quant à la rémanence, la persistance de traces de néonicotinoïdes dans les sols et dans les eaux superficielles et souterraines. C'est là un vrai problème.

Je souhaiterais aussi que, dans ce dossier, on parle beaucoup plus du rôle moteur que devrait jouer la France au niveau européen en vue d'une harmonisation stratégique de l'arrêt de l'utilisation des néonicotinoïdes. Il est en effet problématique de nous expliquer ou d'expliquer à nos concitoyens que nous sommes obligés de poursuivre cet usage parce que nos amis belges ou polonais vont continuer à structurer leur filière industrielle du sucre sans se préoccuper de cette utilisation.

Monsieur le ministre, même si l'objectivité me commande de dire que j'ai bien compris votre souhait de mettre en oeuvre un plan stratégique de soutien à l'apiculture française, j'observe que les débats ont très fortement mis l'accent sur l'industrie du sucre et sur les producteurs de betterave, mais pas assez sur la nécessité d'encourager et de soutenir l'apiculture française et européenne. Faut-il rappeler que les néonicotinoïdes sont sept mille fois plus toxiques pour les abeilles que le dichlorodiphényltrichloroéthane, le fameux DDT ? Qu'en France, la mortalité des abeilles atteint 30 % chaque année ? Que la production française de miel a reculé de moitié en vingt-cinq ans ?

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