Intervention de Hubert Julien-Laferrière

Séance en hémicycle du mardi 6 octobre 2020 à 21h30
Restitution de biens culturels à la république du bénin et à la république du sénégal — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaHubert Julien-Laferrière :

Je ne sous-estime pas l'importance du projet de loi dont nous débattons ce soir. La restitution, c'est un symbole, beaucoup l'ont dit, mais c'est plus que cela : c'est une oeuvre de justice, pour les Africains et pour les afrodescendants en Europe.

Bien sûr, quand une telle décision est prise, des questions se posent. Que rendre ? Quand y a-t-il eu spoliation ? Pour les vingt-six oeuvres béninoises, il n'y a pas de doute : leur prise est un fait de guerre, puisque le colonel Dodds, chef expéditionnaire du corps français, les a rapportées avec son rapport de mission. Certes, elles ont été sauvées des flammes ; mais des soldats béninois sont morts pour défendre ces oeuvres du royaume de Dahomey.

À l'avenir, la recherche devra avoir les moyens de travailler pour établir les spoliations.

Je n'oublie pas, à côté des faits de guerre, ces oeuvres que les fonctionnaires coloniaux ont emportées à Paris, mais aussi à Dakar, à l'Institut français d'Afrique noire. Peut-être un jour la question de restitutions entre pays africains se posera-t-elle.

Nombre de nos collègues ont également posé la question des circulations, et plus largement des coopérations culturelles, qui doivent s'établir. Je voudrais, comme d'autres, rassurer ceux qui voudraient poser des conditions, craignant que le Bénin n'ait pas les moyens de conserver ces oeuvres. Attention à la condescendance ! La capitale du Bénin abrite l'École du patrimoine africain, qui forme des professionnels. L'ancien fort portugais de Ouidah accueillera les oeuvres restituées dans moins d'un an. Il y aura enfin le futur musée d'Abomey, leur destination finale, fruit d'une coopération avec l'Agence française de développement – coopération qui va bien au-delà de la création d'un musée, puisqu'elle vise à renforcer, sur la longue durée, les capacités, à appuyer la formation des personnels et à affermir les coopérations muséales.

Oui, la circulation des oeuvres et de coopération est un enjeu pour demain ; lorsque nous aurons rendu aux Africains ce qui leur est dû, nous pourrons continuer à construire ces belles coopérations, pour que ces oeuvres africaines bien sûr, mais qui appartiennent au patrimoine mondial, soient l'occasion d'un véritable travail de mémoire sur la colonisation, donc sur notre histoire commune.

Le groupe Écologie démocratie solidarité votera le projet de loi.

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