Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du jeudi 8 octobre 2020 à 9h00
Renforcement du droit à l'avortement — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Je voudrais simplement compléter ce que j'ai dit précédemment en réponse à notre collègue Thill, qui voit là une atteinte aux droits de l'homme. Ce point de vue, que je respecte, part de la prémisse que la vie humaine commencerait avec le foetus. J'y opposais la prémisse inverse, selon laquelle un être humain est un être humain lorsqu'il est voulu et lorsqu'il naît et qu'il entre dans les relations sociales. Je m'appuyais sur la définition humaniste de l'être humain créateur de lui-même.

Je voudrais prolonger cette discussion en disant à mon collègue Son-Forget qu'aussi savant soit-il dans son domaine médical, il se trompe lourdement : la science ne nous apprendra que nos limites physiques ou sensitives ; elle ne nous dira rien de l'être humain. Vous êtes dans l'illusion scientiste. Entre une banane et un être humain, la science nous apprend qu'il n'y a que 2 % de différence génétique ; selon moi, la différence est beaucoup plus importante. Par conséquent, nous serons toujours obligés de nous définir nous-mêmes : c'est la définition de la liberté telle qu'elle se déploie dans l'histoire. Vous n'aurez pas de réponse objective à la question de savoir qui est un être humain et à partir de quand. Vous n'avez qu'un recours, comme dans tous les autres domaines : la liberté de conscience.

Cette liberté, la femme en est dépositaire à cet instant. Si vous ne croyez pas à la liberté de conscience, alors vous ne croyez pas aux fondements de la morale, parce que même quand on croit en Dieu, c'est la liberté individuelle qui nous fait choisir entre le bien et le mal.

La liberté de conscience, c'est le sujet de ce texte. Si nous fixions d'une manière ou d'une autre une limite sans la fonder sur une raison objective, alors nous décréterions quelque chose qui atteindrait à la laïcité de l'État, c'est-à-dire que nous déciderions quand commence la vie, et cela n'est pas dans les moyens du législateur.

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