Intervention de Olivier Dussopt

Séance en hémicycle du lundi 12 octobre 2020 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Présentation

Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des comptes publics :

Je suis particulièrement heureux de vous exposer le budget 2021, même si, après trois années de redressement continu des finances publiques, nous présentons aujourd'hui des chiffres profondément marqués par la violence de la crise. Le déficit public devrait atteindre 10,2 % en 2020 – un record depuis plusieurs décennies – et 6,7 % en 2021. À eux seuls, ces chiffres traduisent l'ampleur et l'intensité des mesures prises pour protéger les Français et leurs conséquences sur le niveau des finances publiques.

L'ensemble des mesures déployées face à la crise – 470 milliards de mesures d'urgence et un plan de relance de 100 milliards – atteint des niveaux jamais égalés et qui dépassent l'entendement. Pourtant, certains n'hésitent pas à prétendre que cela ne serait pas suffisant. À l'inverse, d'autres s'inquiètent de leur impact sur les finances publiques. Ces débats montrent que gouverner, c'est faire des choix entre des impératifs parfois contraires et concilier des objectifs parfois antagonistes, aussi légitimes soient-ils.

Personne ne conteste la nécessité du plan de relance, qui est essentiel au redémarrage de l'économie et à la préservation des emplois. Pourtant, il est tout aussi essentiel de concilier cet objectif avec l'impératif de soutenabilité des finances publiques. Nous devons faire preuve de sérieux budgétaire, y compris dans la relance ; c'est le premier point que je vais développer.

Nous ne souhaitons pas que la relance se transforme en une charge durable sur les comptes publics, mais au contraire qu'elle produise un effet rapide sur l'économie et pose les bases d'une nouvelle croissance, plus robuste et plus durable. C'est bien par la croissance que nous rembourserons la dette, sans augmenter les impôts. La soutenabilité du plan de relance implique que ses dépenses soient temporaires et réversibles. L'application de ce principe se traduit dans le PLF par la création d'une mission budgétaire exceptionnelle, dotée de 36,4 milliards en autorisations d'engagement et de 22 milliards en crédits de paiement dès 2021, répartis en trois programmes d'intervention. Le reste des 100 milliards du plan de relance est retracé sur d'autres budgets ministériels, au sein du programme des investissements d'avenir, dans les recettes de l'État pour ce qui concerne la baisse des impôts de production et même en dehors du PLF, puisqu'une partie des mesures de la relance repose sur la Sécurité sociale, l'UNEDIC, la Banque des territoires et Bpifrance.

Au total, la contribution directe de l'État au plan de relance s'élève à 86 milliards d'euros, dont 20 milliards de baisses d'impôts de production et 66 milliards de crédits budgétaires. Le contenu même de ce plan de relance concilie des logiques qui sont trop souvent opposées, alors qu'elles sont complémentaires. C'est notamment le cas du débat sur l'équilibre entre offre et demande, second point sur lequel je souhaite m'arrêter.

Certains reprochent au plan de relance d'en faire trop pour l'offre et pas assez pour la demande et le pouvoir d'achat. Or c'est un fait, le plan de relance et plus largement le PLF soutiennent massivement le pouvoir d'achat. D'abord, nous investissons pour préserver l'emploi, car le chômage est la première cause de précarité et de pauvreté. C'est le sens des 6,6 milliards que nous consacrons à l'activité partielle de longue durée ; c'est le sens des mesures générales d'aide à l'apprentissage, pour 2,7 milliards, et de la prime à l'embauche de jeunes, pour 1,1 milliard ; c'est aussi le sens de l'accompagnement renforcé et personnalisé des jeunes vers l'emploi, avec 1,3 milliard consacré à la création de 300 000 parcours d'accompagnement et d'insertion sur mesure ; enfin, c'est le sens des 100 millions destinés à l'emploi des travailleurs handicapés.

Nous soutenons aussi les concitoyens les plus fragiles, avec la majoration de 100 euros de l'allocation de rentrée scolaire, versée en août dernier ; avec le renforcement de 100 millions des moyens de la politique d'accès au logement et à l'hébergement ; ou encore avec le plan de soutien aux associations de lutte contre la pauvreté, d'un montant de 100 millions.

Cet équilibre entre offre et demande est le fil rouge de notre politique depuis le tout début du quinquennat.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.