Intervention de Fabien Roussel

Séance en hémicycle du lundi 12 octobre 2020 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFabien Roussel :

Contrairement à vos discours sur l'importance des territoires, vous continuez à les priver d'autonomie. Cette année, en raison de la pandémie, les collectivités – dont les communes – devraient enregistrer des pertes financières de l'ordre de 7,2 milliards, compensées à hauteur de 4,2 milliards seulement. Vous prévoyez de baisser la dotation globale de fonctionnement, en refusant d'y intégrer les effets de l'inflation et de l'augmentation des populations. Notre pays a pourtant un impérieux besoin des communes, premier levier de l'investissement public, pour participer pleinement au plan de relance. Ce n'est pas le moment de leur couper les ailes !

Enfin, selon de nombreuses associations humanitaires et caritatives, la pandémie a fait basculer 1 million de Françaises et de Français dans la pauvreté. Ces derniers mois, le nombre de bénéficiaires de l'aide alimentaire a augmenté d'environ 30 %, voire de 45 % dans certains départements. Monsieur le ministre délégué, la France est riche, très riche, mais la pauvreté explose, et votre plan de relance n'apporte pas de réponses. Pire, il risque d'aggraver encore les inégalités. Nos concitoyens vivent dans la peur d'un licenciement, ou dans la honte de ne plus pouvoir faire face aux dépenses courantes : 10 millions de Français sont en situation de pauvreté. Ils préfèrent remplir leur frigo plutôt que d'acheter des masques, et ils portent parfois le même masque chirurgical plusieurs jours. Ferons-nous reculer la pandémie ainsi ? Non. Pour cette raison, l'épidémie frappe davantage les quartiers pauvres que les quartiers riches – et ça, ce n'est pas une fatalité, c'est le résultat de choix politiques injustes !

De plus, en annonçant une hausse de 800 000 chômeurs d'ici à la fin de l'année – comme si c'était signé ! – , vous donnez en quelque sorte un permis de licencier en masse. Je vous assure : c'est le message qui passe ! Comment voulez-vous que des groupes comme Bridgestone l'interprètent, monsieur le ministre ? Ils se lâchent ! Vous pouvez pousser des grands cris d'indignation, dénoncer les actionnaires, dire « c'est inacceptable » à Bridgestone, General Electric, Ford et Verallia, mais vous ne faites peur à personne avec vos mots ; ils se moquent de vous. Si vous n'êtes pas capable d'empêcher les délocalisations annoncées, avec la cohorte de camions qui importeront demain ces mêmes produits dans notre pays, à quoi servez-vous ? À quoi sert votre plan de relance ? J'aimerais tellement que vous annonciez ici, monsieur le ministre, que l'État empêchera la fermeture de Bridgestone Béthune ! C'est une saignée insupportable pour l'emploi, pour le climat, mais aussi pour l'État qui perd des recettes fiscales. Allez-vous prendre en compte ce coût pour la nation ? Cessez de leur donner des milliards d'euros d'argent public, sans exiger la moindre contrepartie ! Cet argent public, c'est l'argent des Français, c'est le nôtre, c'est notre argent ; à nous de dire à quoi il doit servir ! Dans chaque région, il devrait y avoir des comités spéciaux pour bien vérifier son utilisation et s'assurer qu'il sert l'emploi et les services publics, et qu'il répond aux urgences.

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