Intervention de Christine Pires Beaune

Séance en hémicycle du lundi 12 octobre 2020 à 16h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristine Pires Beaune :

Le projet de loi de finances pour 2021 revêt une portée toute particulière : il est celui qui rendra effectives les promesses de crédits contenues dans le plan de relance du Gouvernement, dans le contexte d'une crise sanitaire qui malheureusement s'éternise. Nous devons tout faire pour qu'à la crise sanitaire et économique due au covid-19 ne vienne pas se greffer une crise sociale. Les attentes sont fortes et votre responsabilité est grande.

Pourtant, derrière l'affichage et le montant record de ce plan de relance, se cache une réalité bien plus inquiétante. D'abord, les 100 milliards d'euros de crédits seront non pas injectés en 2021 mais déployés sur deux ans. Le projet de loi de finances prévoit ainsi à ce titre la mise en oeuvre de seulement 35 milliards d'euros en 2021. Il en va de même de la mesure phare du plan, à savoir la diminution des impôts de production. Cette réalité atténue quelque peu, convenez-en, la portée et la vigueur de la relance.

Ensuite, ce choix relève moins de la recherche de la pertinence et de l'efficacité économiques que d'un aveuglement dogmatique. En effet, l'indice de compétitivité du Forum de Davos, auquel M. Le Maire est très sensible, démontre qu'il n'existe pas de corrélation claire entre le niveau des impôts de production et la compétitivité. À titre d'exemple, ces pays voisins que sont les Pays-Bas et le Danemark, où le niveau des taxes est plus élevé que dans le nôtre, demeurent bien plus compétitifs.

Oui, cette réforme des impôts de production relève bien d'un aveuglement dogmatique parce qu'elle est le cheval de Troie néolibéral du plan de relance. Elle constitue moins une mesure conjoncturelle visant à redynamiser rapidement l'économie qu'une vieille lubie du Gouvernement, évoquée dès 2018. Le 8 janvier dernier, avant même le début de la crise sanitaire, le ministre de l'économie annonçait déjà cette baisse pour le début de l'année 2021.

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