Intervention de Marie-Christine Dalloz

Séance en hémicycle du lundi 12 octobre 2020 à 21h30
Projet de loi de finances pour 2021 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Christine Dalloz :

Cet après-midi, j'ai entendu le ministre de l'économie, des finances et de la relance évoquer la parité entre femmes et hommes dans les entreprises et le dialogue social : ce n'est pas ce que j'appelle contrôler qu'il existe des contreparties au versement d'argent public !

La réalité, c'est que vous n'avez qu'une seule idée : emprunter encore et toujours. La dette, qui approchait déjà 100 % de la richesse nationale avant la crise, atteint désormais des niveaux vertigineux : 116,2 % en 2021. De ce fait, nous sommes contraints d'emprunter cette année 260 milliards d'euros supplémentaires sur les marchés. Auparavant, nous affections l'avenir de nos enfants ; c'est désormais l'avenir de nos petits-enfants et arrières petits-enfants que vous menacez.

Quant au déficit public, il s'élèverait à 10,2 % du PIB en 2020 et à 6,7 % en 2021 : cet affichage est-il une hypothèse ou un espoir ? À ce jour, vous avez mis 468 milliards d'euros sur la table, soit 21 % du produit intérieur brut. À cette facture s'ajoutent les 100 milliards sur deux ans du plan de relance annoncé début septembre.

Dans le même temps, nos caisses publiques sont confrontées à une chute vertigineuse des recettes, en raison de la baisse de l'activité. À lui seul, l'État aura perdu 46,2 milliards d'euros de rentrées fiscales cette année. Le surendettement de notre pays est tel qu'il devient une menace sérieuse pour l'équilibre de notre modèle social. La réalité, c'est que le laxisme budgétaire dont vous avez fait preuve est responsable de la situation dans laquelle nous nous trouvons. C'est un fait, la France a abordé la crise dans une situation de plus grande faiblesse que ses voisins européens : davantage de déficit, davantage de chômage, davantage de dette, mais aussi davantage d'impôts. Ainsi, nous n'aurons plus aucune marge de manoeuvre budgétaire si la crise sanitaire devait perdurer. Ce n'est pas faute d'avoir tenté de vous alerter sur ce danger ; il est malheureusement trop tard.

Enfin, ce projet de budget contient des mesures incohérentes. De nombreux fleurons industriels français sont menacés. Le secteur automobile, par exemple, était déjà en grande difficulté ; vous semblez vouloir l'achever avec une politique écologique punitive ! Je pèse mes mots : elle est punitive ! Comment comprendre que des modèles de véhicules de marques françaises, parmi les dix plus vendus dans notre pays, subiront rien qu'en 2021 une augmentation de leur malus, de 200 euros pour certains, de beaucoup plus pour d'autres ? Il s'agit bien souvent de modèles familiaux, correspondant aux besoins des Français et que vous rendez chers. Dans ce secteur, votre « en même temps » aura de lourdes conséquences sur l'emploi, sans parler de votre fiscalité désastreuse sur les carburants. Comme chaque année, je ne peux passer sous silence la nouvelle punition que vous aviez programmée, contradictoire avec vos engagements, au détriment des CCI – les chambres de commerce et d'industrie.

Je résumerai en ces termes : de nombreux choix hasardeux, une politique budgétaire en errance et sans réelle cohérence. La relance conjoncturelle ne doit pas être notre seul objectif ; il faut l'accompagner d'un travail de refonte en profondeur, d'un plan ambitieux de réformes structurelles. Entretenir l'espoir d'un retour rapide à la croissance ne suffira pas cette fois-ci.

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