Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du jeudi 15 octobre 2020 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Article 3 (précédemment réservé)

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Je soutiens ces amendements de bon sens qui, de la droite à la gauche, embrassent tout l'hémicycle à l'exception d'une majorité qui persévère dans la folie dénoncée par Emmanuel Macron au printemps. Quelle est cette folie ? Elle consiste à verser des milliards, voire des dizaines de milliards à l'aveugle, en saupoudrant sans cibler. Ainsi, les gros ramasseront très gros et les petits tout petit !

Quelles sont les entreprises du secteur privé qui ont le plus bénéficié du crédit d'impôt compétitivité-emploi ? Auchan, Carrefour, Casino. Qui bénéficiera le plus de la mesure que nous examinons ? Amazon, par exemple, dont l'emprise foncière est énorme et qui ne paie déjà pas d'impôts en France, ou encore les entreprises de la grande distribution qui ne se heurtent à aucune concurrence internationale !

Vous faites un arrosage général sans faire de distinction entre petites et grandes entreprises, entre l'industrie et les services, entre les secteurs en concurrence et ceux qui ne le sont pas. Non seulement ce saupoudrage général n'apportera rien, mais il est particulièrement injuste : vous allez encore aider des entreprises comme Amazon et leurs dirigeants qui s'enrichissent par dizaines de milliards d'euros ! Leur donner ne serait-ce qu'un euro est une honte ! Vous allez encore aider des groupes comme Total qui a distribué 7 milliards d'euros de dividendes. Leur donner un seul euro est une honte ! Or, c'est ce que vous faites.

Chers collègues, cessons de nous adresser aux membres du Gouvernement comme si nous croyions à leur bonne foi, comme s'il s'agissait de les convaincre. Il a été démontré que le CICE et autres mesures de ce genre n'ont pas d'effet. Nous devons nous faire à l'idée – ce qui est difficile – qu'ils sont au service des actionnaires, des firmes multinationales, du très grand capital.

Nous ne les convaincrons pas avec tous les arguments que nous pourrons développer car leur but, ce n'est pas de relancer le pays, c'est de donner de l'argent à ceux qui les accueilleront dans leur conseil d'administration quand ils ne seront plus ministres.

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