Intervention de Alain Bruneel

Séance en hémicycle du jeudi 16 novembre 2017 à 9h30
Projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2018 à 2022 - projet de loi de finances pour 2018 — Économie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Bruneel :

Les politiques conduites dans le cadre de cette mission visent à favoriser l'emploi et le développement des exportations ainsi qu'à garantir la protection et la sécurité des citoyens et des consommateurs, mais aussi à éclairer le débat économique et social.

Si les crédits de la mission « Économie » sont stables, ils n'en suscitent pas moins de sérieuses inquiétudes. La première concerne la baisse des crédits affectés à la Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes ainsi que celle des subventions accordées aux associations de consommateurs, telles que l'Institut national de la consommation – INC – , Que Choisir ou la Confédération nationale du logement.

Même si cette diminution a été minorée en commission, par la voie d'un amendement, le constat qui s'impose est clair : la baisse continue des subventions versées aux associations depuis cinq ans atteint globalement 30 %, ce qui touche tous les acteurs de la défense des consommateurs.

Le message envoyé par le Gouvernement est clair : il consiste à placer l'intérêt des sociétés comme de leurs actionnaires au-dessus de l'intérêt général. C'est d'ailleurs un leitmotiv de la politique conduite par la majorité depuis le mois de juillet à travers la réforme du code du travail comme à travers la politique fiscale qui favorise outrageusement la rente spéculative au détriment de l'investissement productif.

Nos concitoyens sont en demande d'une politique ambitieuse de protection de leur santé, de préservation de l'environnement et de réorientation des politiques économiques vers la satisfaction du bien commun. C'est pourquoi près de deux tiers des Français se considèrent aujourd'hui, monsieur le ministre, comme des perdants de votre politique : ils se sentent légitimement floués et les signaux envoyés depuis six mois ont tout pour les inquiéter davantage.

Nous en avons encore l'exemple sur le terrain de la politique en direction des PME d'une part et de l'industrie d'autre part. D'un côté vous sabrez dans les dépenses essentielles à nos entreprises : celles du FISAC, celles du secteur des services à la personne, celles des centres techniques.

Depuis votre arrivée au pouvoir, l'Italien Fincantieri a pu prendre le contrôle des chantiers de l'Atlantique, Alstom a été vendu à Siemens, et General Electric Hydro, à Grenoble, va perdre près de la moitié de ses salariés. Emmanuel Macron, alors candidat à l'élection présidentielle, avait pourtant promis de mettre fin à l'hémorragie des emplois industriels !

Il rappelait à juste titre qu'entre 1995 et 2013, notre économie avait perdu plus de 900 000 emplois industriels et 45 % de parts de marché à l'exportation, quand l'Allemagne perdait deux fois moins de parts de marché. Il soulignait avec raison qu'au cours des cinq dernières années, les pertes nettes d'emplois industriels s'étaient poursuivies, à hauteur de 2 000 à 16 000 emplois par trimestre. Il promettait de réunir les conditions d'une montée en gamme de notre industrie et de défendre nos intérêts industriels dans la mondialisation. Que sont devenues ces belles promesses ? Elles se sont muées en cadeaux fiscaux pour les actionnaires et en célébration bruyante des vertus de la concurrence et des investissements étrangers en France.

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