Intervention de François Ruffin

Séance en hémicycle du vendredi 23 octobre 2020 à 9h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2021 — Après l'article 28

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Ruffin :

Lors de mes recherches sur la psychiatrie, j'ai rencontré un psychiatre de l'hôpital Philippe Pinel d'Amiens. Voici ce qu'il m'a dit : « Se priver d'une molécule, plus personne n'y songe. Elles apaisent les souffrances des grands malades. Elles facilitent leur vie sociale. Elles permettent la communication. » Ce médecin ne conteste pas l'utilité des médicaments, mais leur usage : « Si les médocs conduisent le patient à l'apathie, s'ils ont pour finalité d'éteindre la parole et de fermer les oreilles, si les symptômes disparaissent et que le médecin s'estime quitte parce qu'il a obtenu le silence, alors on n'est pas loin du système totalitaire. » Et il l'admet : « C'est pour nous une pente. » Ce médecin aperçoit l'effet du courant réductionniste, qui gagne du terrain : la subjectivité humaine est assimilée à l'intelligence artificielle.

Vous n'avez pas le moral ? Ta Katie t'a quitté ? Hop, on prend une dose de sérotonine ! Or, à l'évidence, derrière cette approche chimio-thérapeutique se trouvent des intérêts commerciaux. Ce même psychiatre poursuit : « L'industrie pharmaceutique développe une véritable propagande, avec des phases de marketing, des visites les mains remplies de plaquettes et de cadeaux, des congrès sous les tropiques. » Puis il se saisit d'un bloc-notes cubique sur lequel est inscrit le nom d'un laboratoire, que je ne divulgue pas, ainsi que la mention : « système nerveux central : de jour en jour, de mieux en mieux ».

En matière de psychiatrie, j'estime qu'il nous faut une recherche indépendante, publique, et qui ne s'appuie pas seulement sur la chimie mais aussi sur la thérapie institutionnelle. Comment fait-on vivre les personnes atteintes de maladies mentales dans la cité ? Par quelque chose déconnecté des intérêts privés, déconnecté des partenariats avec des cliniques privées et des laboratoires pharmaceutiques comme Servier, Roche, Sanofi ou Lilly, …

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.