Intervention de Alain Bruneel

Séance en hémicycle du mardi 27 octobre 2020 à 15h00
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2021 — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Bruneel :

Le PLFSS pour 2021 est le premier rendez-vous parlementaire consacré à la sécurité sociale depuis la survenue de l'épidémie. C'était le premier budget dans lequel dresser l'état des lieux du système de santé, bassin de vie par bassin de vie, et débattre de la gestion sanitaire. C'était l'occasion de remettre à plat les orientations prises depuis le début du quinquennat, mais force est de constater que vous êtes resté au milieu du gué.

La crise du covid-19 vous a certes fait sortir de votre logique d'austérité concernant les dépenses de santé, en débloquant plusieurs milliards d'euros pour absorber les surcoûts liés à l'épidémie. Cette crise violente a aussi légitimé les revendications des personnels hospitaliers, que vous aviez jusqu'alors méprisés de budget en budget. Vous avez dû vous asseoir à la table des négociations, mais cela a débouché sur un Ségur de la santé qui ne répond pas aux attentes du monde hospitalier. Faute d'anticipation, vous avez proposé, par amendement, une rallonge budgétaire de 2,4 milliards pour l'ONDAM de 2020, sans certitude que cela suffise pour faire face à l'épidémie. Dans le même temps, les revalorisations salariales des soignants demeurent insuffisantes et partielles.

Depuis la première vague, il aurait fallu mettre l'accélérateur sur les moyens de fonctionnement de l'hôpital, qu'il s'agisse des embauches ou des créations de lits. Tel n'est pas votre choix : 7 600 lits ont été fermés depuis 2018, et les fermetures se poursuivent dans certains hôpitaux depuis mars. Pire, abstraction faite des dépenses liées au covid-19 et au Ségur de la santé, vous continuez à comprimer les dépenses courantes, alors que la demande de soins est en augmentation tendancielle : 800 millions d'euros d'économies seront demandés aux hôpitaux. Et vous vous refusez à lutter contre les déserts médicaux en régulant la répartition de la médecine de ville sur le territoire et en repensant ses conditions d'exercice.

L'hôpital n'est pas plus solide qu'au printemps. Faute de moyens, les déprogrammations se généralisent un peu partout en France et l'hôpital sombre dans une crise profonde. Le présent budget n'amorce pas l'inversion de tendance qui s'impose. Comment ne pas entendre la colère des personnels qui continue de s'exprimer dans les services ? Ils ne veulent pas de médaille, ils refusent le titre de héros ; ils veulent des collègues, ils veulent des lits, ils veulent du matériel, ils veulent qu'on respecte leur métier, un métier de soins, un métier de liens humains.

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