Intervention de Valérie Petit

Séance en hémicycle du mardi 27 octobre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Administration générale et territoriale de l'État ; sécurités ; contrôle de la circulation et du stationnement routiers

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaValérie Petit :

Eh oui… C'est peut-être parce que je suis petite-fille de gardien de la paix ou plus sûrement parce que, comme vous, je suis convaincue qu'il faut donner aux policiers les moyens matériels mais aussi l'autorité morale pour remplir leur mission : protéger les Français au quotidien.

Le budget pour 2021 se distingue par les moyens et la reconnaissance qu'il apporte aux policiers, avec une hausse du budget de la police nationale de 141 millions d'euros en autorisations d'engagement. Monsieur le ministre, avec ce PLF, vous lancez d'abord le chantier de l'amélioration des conditions de travail des forces de police. C'est une demande ancienne et légitime des policiers et la réponse que propose ce budget est à la hauteur de leurs attentes ; ces annonces ont été saluées par le syndicat Unité SGP Police. Des moyens importants sont consacrés aux effectifs, avec une hausse de 180 millions d'euros qui financeront le recrutement de 1 145 agents supplémentaires en 2021 et 1 031 en 2022. Ensuite, des moyens importants concernent les conditions salariales, avec 10 millions pour financer la création d'une indemnité de travail de nuit et 3 millions pour les heures supplémentaires des CRS. Des moyens importants sont aussi consacrés aux conditions matérielles de travail, avec notamment une hausse de 125 millions alloués au parc automobile.

Au-delà des conditions de travail, ce sont aussi les conditions de vie des policiers qui vont s'améliorer, avec 20 millions d'euros pour la réservation de logements locatifs à tarif social ou intermédiaire et la création de prêts bonifiés à taux zéro pour l'accession sociale à la propriété. En outre, 10 millions sont prévus pour la réservation de places en crèche, le subventionnement de chèques emploi service universel pour la garde des enfants et le financement de l'arbre de Noël des enfants de policiers. Enfin, il convient aussi d'améliorer les conditions de santé des policiers, en renforçant la lutte contre les risques psychosociaux. Nous sommes plusieurs parlementaires de la majorité – je salue François Jolivet à ma gauche – à vous avoir alerté sur la progression du nombre de suicides de policiers. C'est un enjeu que je ne vois pas cependant apparaître dans ce budget.

Par ailleurs – ce sera ma première question – , je constate que l'action 06 « Commandement, ressources humaines et logistique », qui regroupe nombre des améliorations des conditions de travail et de formation, baisse de 5 %. C'est pourquoi j'aimerais, monsieur le ministre, que vous nous rassuriez sur votre volonté de poursuivre l'effort d'amélioration des conditions de travail, qui implique que la ligne budgétaire mentionnée soit dotée de de moyens suffisants.

Avec le PLF, vous lancez également le chantier important de la reconnaissance de l'action des forces de police. Il y a d'abord la reconnaissance de l'État, à travers notamment la progression de la carrière. Le texte prévoit que les gardiens de la paix bénéficieront d'un avancement semi-automatique au grade de brigadier après vingt-cinq ans de service ; il prévoit également un plan de valorisation inédit de la filière investigations.

Il y a ensuite la reconnaissance quotidienne par la hiérarchie. Sur ce point, un immense chantier reste à lancer : celui de la transformation des pratiques et de la culture managériale. Il nous faut une nouvelle doctrine de leadership pour nos policiers et de nouvelles pratiques de gestion des hommes et des femmes, plus modernes et plus humaines, permettant d'assurer leur motivation, leur force morale et leur cohésion d'équipe au quotidien.

Il y a enfin la reconnaissance de la part des Français. J'ai commencé à dessein cette intervention en parlant d'amour : dans le contexte dramatique de l'augmentation du nombre d'attaques contre ceux qui incarnent l'autorité de l'État et de la République, il est urgent de retisser les liens de respect et d'affection entre les Français et leurs policiers. Ce travail est aussi important que les crédits budgétaires : il est au coeur de la reconquête républicaine. C'est pourquoi je tiens également à saluer, monsieur le ministre, votre engagement en la matière ; en 2020, vous êtes effectivement le ministre des policiers. Toutefois, mais vous le savez, la clé de la sécurité au quotidien est la collaboration entre toutes les forces de sécurité – ce sera ma seconde question. Je vois aussi dans ce budget les efforts consentis par la gendarmerie et la protection civile : pourriez-vous nous assurer qu'elles ne seront pas oubliées l'année prochaine ? Nous avons besoin de tous et de chacun.

Cela étant, c'est avec conviction et une certaine fierté que le groupe Agir ensemble votera les crédits des missions « Sécurités » et « Administration générale et territoriale de l'État ». Je salue notamment l'effort touchant à l'amélioration des conditions de travail et à la dimension humaine de l'exercice des missions de sécurité – car si les policiers ne sont pas n'importe quels hommes ou femmes, ils sont avant tout des hommes et des femmes.

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