Intervention de Saïd Ahamada

Séance en hémicycle du jeudi 29 octobre 2020 à 9h15
Déclaration du gouvernement relative à l'évolution de la situation sanitaire et aux mesures nécessaires pour y répondre suivie d'un débat et d'un vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSaïd Ahamada :

Comme vous le savez, ces mêmes Français, depuis le début, sont les plus touchés par la pandémie. Nombre d'entre eux seront atteints par la deuxième vague qu'il nous faut affronter. Ils rencontrent des problèmes de santé plus importants, notamment en matière de diabète et de maladies cardiovasculaires, ce qui leur fait courir davantage de risques en cas d'exposition à la covid-19. Ils sont souvent logés dans des conditions difficiles : l'exiguïté des habitations rend problématiques le confinement ou l'isolement d'une personne contaminée. À Marseille, monsieur le Premier ministre, dans une cité HLM, qui veut s'isoler des autres membres de sa famille en est réduit à dormir dans la baignoire ou sur le balcon !

En outre, la covid-19 fait ressortir une réalité : l'espérance de vie des Français les plus modestes est inférieure à celle des Français les plus aisés. Un cadre de 35 ans peut espérer vivre six ans de plus qu'un ouvrier du même âge. Certes, nous avons enregistré des avancées en matière d'accès aux droits, d'accès aux soins ; force est de constater que l'espérance de vie augmente pour tous les Français et que les écarts entre classes sociales diminuent. Mais ils n'en subsistent pas moins, et l'arrivée de la covid inflige aux plus modestes ce que l'on pourrait appeler une double peine.

Nous avons donc un devoir de solidarité nationale envers les plus fragiles. Cette solidarité se traduit notamment par le fait de limiter autant que possible le report d'actes médicaux en vue de libérer des lits destinés aux malades touchés par la covid. Il faut aussi tout faire pour que le moins possible de Français doivent se rendre aux urgences en raison de cette pandémie. Cette solidarité constitue une priorité pour le Gouvernement comme pour notre majorité : lors de la première vague, nous avons pris toute une série de dispositions visant à soutenir nos concitoyens les plus précaires.

Le Premier ministre vient d'annoncer de nouvelles actions, de nouvelles mesures destinées à éviter que davantage ne basculent dans la pauvreté. Plus de 2 milliards d'euros sont mobilisés en vue d'une aide exceptionnelle aux plus fragiles, entre autres aux bénéficiaires des minima sociaux et aux jeunes. Les réseaux de solidarité, associations, banques alimentaires, qui assurent le maillage de notre territoire, seront également soutenus par l'exécutif dans leur accompagnement des plus démunis. La solidarité, c'est cela : les mesures concrètes prises par notre majorité, les actes des Français qui, au quotidien, viennent en aide aux plus fragiles, pour ne laisser personne sur le bord du chemin.

Cette solidarité nationale passe aussi par le respect des décisions que prennent ceux qui nous gouvernent, encadrées par nos textes, par notre Constitution, par nos lois. Elle demande que lorsqu'une décision est prise, nous parlions d'une seule voix. Cela ne signifie pas que les oppositions doivent se taire, bien au contraire : faites-vous entendre en amont de la décision, donnez votre avis ! Mais en pleine pandémie, nous devons faire confiance à nos institutions et à ceux qui les incarnent. Remettre en cause des décisions de santé publique, comme je l'ai vu faire à Marseille, ne profite à personne et n'a pour conséquence que de démonétiser la parole publique, de saper l'autorité, de laisser croire aux Français qu'il serait possible de ne pas respecter les consignes. C'est irresponsable !

Notre idée de la France, héritée de ceux qui nous ont précédés, est indissociable de l'égalité des chances, rendue possible à l'origine par l'abolition des privilèges, mais aussi et peut-être surtout par l'enseignement gratuit et obligatoire. Député, ancien haut fonctionnaire, issu de l'immigration comorienne et des quartiers nord de Marseille, je suis ce que je suis grâce à ma famille, mais aussi grâce à l'école de la République, grâce à des enseignants dont je ne saluerai jamais assez le dévouement. Nous avons tous en tête un ou plusieurs enseignants qui nous ont marqués par leur bonté, leur gentillesse. Je me souviens de Mme Lucas, qui lorsque j'étais hospitalisé, en classe de CM 2, est venue presque tous les jours me faire cours pour que je n'aie pas à redoubler. Je suis quasiment certain que, si je la revoyais, elle ne se souviendrait pas de moi : ce qu'elle a fait pour moi, elle a dû le faire pour bien d'autres, tirant ainsi vers le haut toute une génération d'écoliers qui le méritaient.

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