Intervention de Émilie Bonnivard

Séance en hémicycle du jeudi 29 octobre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉmilie Bonnivard, rapporteure spéciale de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

Dans la période que nous vivons, j'ai d'abord une pensée profonde pour les victimes de l'acte terroriste barbare qui a mis fin à la vie de trois innocents ce matin à Nice. Notre affliction collective ne suffit plus. Je souhaite de tout coeur que le Gouvernement prenne toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité de nos concitoyens sur tout le territoire national. C'est malheureusement dans ce contexte, auquel s'ajoutent les annonces de reconfinement, qu'il nous appartient de commenter et d'évaluer le projet de budget pour 2021. Bien que cela puisse sembler dérisoire au regard de la situation actuelle, il convient de poursuivre notre travail parlementaire, car c'est aussi la survie de tout un secteur de l'économie et de millions d'emplois qui est en jeu.

Le tourisme est sans contexte le secteur le plus touché, au plan économique, par la crise sanitaire que nous traversons, et les nouvelles mesures de restriction nous font craindre le pire pour les entreprises de ce secteur et pour les emplois qui y sont liés. La chute du tourisme au premier semestre de 2020 a été sans précédent : alors que 94 millions de touristes étaient attendus en 2020, ils ne furent finalement que 36 millions. Les recettes touristiques étaient évaluées à 61 milliards d'euros ; elles n'ont finalement atteint que 24 milliards. La perte globale pour le secteur en 2020 était estimée à 40 % du chiffre d'affaires et à 64 % de la profitabilité des entreprises touristiques. Au vu des mesures annoncées par le Président de la République, les pertes devraient être encore plus importantes.

Au moins la saison estivale aura-t-elle été meilleure qu'espérée, grâce aux Français et aux touristes européens de proximité. Ainsi, 94 % des partants français sont demeurés en France, majoritairement sur le littoral, en montagne et à la compagne. Voilà trois ans que j'insiste sur le formidable potentiel du tourisme domestique, qui est insuffisamment pris en considération dans la politique touristique, cette dernière restant essentiellement tournée vers le tourisme international. Je souhaite que nous en tirions collectivement les leçons à l'avenir.

La bonne fréquentation estivale n'a toutefois pas permis aux entreprises touristiques de compenser leurs pertes et n'a malheureusement pas du tout bénéficié aux régions les plus dépendantes de la clientèle étrangère, comme l'Île-de-France. Après un automne durant lequel la fréquentation n'a cessé de se dégrader, une inquiétude profonde et majeure traverse désormais les hommes, les femmes et les territoires qui vivent du tourisme d'hiver. Quel sera l'avenir des acteurs du tourisme de la montagne, des stations, des centaines de milliers d'emplois saisonniers qui y sont liés et des entreprises qui ont déjà perdu 30 % de leur chiffre d'affaires en raison de la fin anticipée de la dernière saison d'hiver ? Je sais que ces questions ne ressortissent pas tout à fait de votre champ de compétences, monsieur le ministre, mais, en tant que rapporteure spéciale pour le tourisme, je me dois d'évoquer ces sujets d'actualité et d'inquiétude pour nos entreprises.

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