Intervention de Vincent Rolland

Séance en hémicycle du jeudi 29 octobre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaVincent Rolland, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques :

Noire, noire, noire : 2020 aura été une année noire pour le tourisme, après plusieurs années déjà difficiles. Alors que nous attendions 94 millions de visiteurs internationaux et 60 milliards d'euros de recettes tirées du tourisme international, ces visiteurs ne seront finalement que 36 millions et ils créeront 24 milliards d'euros de recettes. Les pertes de recettes touristiques globales – domestiques et internationales – pourraient atteindre 30 % à 35 % sur l'ensemble de l'année 2020, soit 50 à 60 milliards d'euros. Pour les 313 000 entreprises et les quelque 2 millions d'emplois directs et indirects concernés, la situation est très difficile.

Si les perspectives se sont momentanément éclaircies cet été, notamment grâce à l'essor du tourisme domestique, l'évolution du contexte sanitaire est particulièrement préoccupante, pour l'ensemble des professionnels, à l'approche de la saison d'hiver et surtout de la période de Noël. Le Gouvernement a, il est vrai, pris des mesures concrètes au coeur de la crise, à travers la mise en oeuvre du chômage partiel, les allégements de charges ou encore le plan de relance pour le tourisme arrêté en mai 2020. Je veux d'ailleurs saluer l'implication du secrétaire d'État chargé du tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, sur ces questions.

L'attente des professionnels du secteur quant à la prolongation de ces dispositifs et à la définition de nouvelles modalités d'accompagnement est toutefois très forte. Plusieurs annonces ont été faites le 12 octobre dernier à l'occasion du dernier comité interministériel du tourisme, notamment s'agissant du renforcement du fonds de solidarité ou de la prise en charge de l'intégralité des indemnités de chômage partiel jusqu'au 31 décembre 2020.

Nous devons toutefois aller plus loin : nous ne pouvons pas laisser les professionnels du tourisme dans la situation dramatique qui est la leur. Le contexte actuel impose notamment la prolongation des mesures de chômage partiel bien au-delà du 31 décembre, car chacun sait qu'à cette date, la situation sera très loin d'être redevenue normale. L'application du dispositif de chômage partiel aux nouveaux contrats saisonniers doit en particulier être envisagée, car elle permettrait d'encourager certaines embauches. Par ailleurs, la prolongation des dispositifs d'exonération de charges paraît également indispensable pour les entreprises dont la trésorerie est très fragilisée et le restera durablement. Il faut enfin envisager l'extension du PGE saison, destiné à intégrer davantage d'entreprises dont l'activité est saisonnière.

Le budget pour 2021 que nous présente le Gouvernement me paraît loin d'être à la hauteur des enjeux. Une nouvelle fois, la subvention pour charge de service public d'Atout France diminue de 2,2 millions d'euros. La réduction est certes compensée par des crédits d'intervention d'un montant équivalent, mais ces derniers n'ont vocation qu'à financer la participation à des événements ponctuels et ils ne seront donc pas reconduits à l'avenir. Je regrette toutefois, comme Émilie Bonnivard, qu'Atout France n'ait pas consommé l'intégralité des crédits, d'un montant de 5 millions d'euros, qui lui avaient été alloués par la troisième loi de finances rectificative, afin d'assurer notamment la promotion du tourisme au sein du marché domestique.

Au-delà de la seule dimension budgétaire, il me semble nécessaire d'envisager cette crise, aussi difficile soit-elle, comme un tremplin vers la construction du tourisme de demain, à même de satisfaire les souhaits d'une clientèle qui, assurément, aura changé. Ce tourisme durable répond à une demande croissante, qui, cependant, peine encore aujourd'hui à se concrétiser. Le chantier est vaste, mais les opportunités nombreuses et les professionnels seront, je n'en doute pas, au rendez-vous. Les pouvoirs publics devront l'être également.

L'urgence du moment reste le sauvetage de nos entreprises touristiques, très affaiblies par la crise sanitaire. Il faut aller plus loin, et rapidement, en baissant la TVA sur les CHR, les cafés, hôtels et restaurants, et en élargissant le plan tourisme à toutes les activités des commerces situés dans les stations classées de tourisme. Les professionnels comptent sur vous comme vous pouvez compter sur notre engagement.

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