Intervention de Christophe Di Pompeo

Séance en hémicycle du jeudi 29 octobre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Di Pompeo, rapporteur pour avis de la commission des affaires étrangères :

Après la crise que nous avons vécue, il n'aurait pas été opportun de poursuivre la baisse des effectifs. Il faut espérer que l'on s'en souvienne l'année prochaine et les suivantes, en ayant à l'esprit que le ministère a déjà réalisé 80 % des objectifs du programme Action publique 2022.

Le budget du programme 151 reste stable. Alors que la crise s'installe vraiment, il faudra rester vigilant à l'égard de ceux qui, parmi nos compatriotes de l'étranger, s'avèrent les plus fragiles.

Les moyens prévus dans le cadre du programme 105 seront renforcés sur le plan de l'immobilier, de la sécurité et du numérique. Autant de chantiers prioritaires pour le ministère.

Le budget permettra en particulier d'engager la transformation numérique du ministère, un projet sur lequel je souhaite m'attarder, la crise ayant montré à quel point il était nécessaire. Combien de consuls généraux et d'ambassadeurs ont-ils été contraints, dans l'urgence de la crise, de recourir à des outils non sécurisés, de WhatsApp à Google Docs en passant par Zoom ? Combien d'agents n'ont-ils pu basculer en télétravail qu'au prix d'efforts très laborieux ? La crise a mis en lumière l'inadéquation des moyens numériques du ministère.

Celui-ci a pourtant réalisé récemment des progrès. D'importants chantiers de dématérialisation ont ainsi été lancés dans le domaine consulaire, comme le vote par internet ou le dispositif France Visas. Ces projets prennent toutefois du temps, la crise sanitaire ayant en outre conduit à reporter leur échéance.

Le ministère est aux prises avec des rigidités qui ont jusqu'ici freiné la transition numérique. Ne nions pas l'importance de la menace qui pèse sur la sécurité des systèmes d'information du Quai d'Orsay. Mais ne nions pas non plus que la sécurité informatique, telle qu'elle a été appliquée jusqu'à aujourd'hui, a rigidifié les usages numériques, au détriment des agents et des utilisateurs.

L'histoire le montre : le secteur public n'évolue fortement que sous l'effet des crises. Saisissons-nous de l'opportunité que représente celle que nous traversons actuellement pour que le ministère opère enfin sa transformation numérique. Alors qu'un plan numérique doit voir le jour d'ici à la fin de l'année, il ne faut pas sous-estimer les difficultés d'application. Pour réussir, il sera nécessaire de dépasser les réticences qui existent à l'intérieur même du ministère.

Par ailleurs, un seul budget ne suffira pas à achever la transformation numérique du Quai. Réjouissons-nous de l'augmentation de 22 % des crédits consacrés au numérique en 2021, effort d'investissement qui devra se poursuivre sur une base pluriannuelle. Mais c'est en assurant un pilotage à haut niveau et l'octroi de moyens dans la durée que le ministère aura les meilleures chances de réussir sa révolution numérique. De ce succès dépend en partie notre capacité à mener une action diplomatique et consulaire à la hauteur des ambitions que nous avons pour notre pays.

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