Intervention de Alain David

Séance en hémicycle du jeudi 29 octobre 2020 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2021 — Aide publique au développement

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain David :

Je l'ai dit lors de l'examen pour avis de cette mission en commission des affaires étrangères : l'aide publique au développement ne peut s'examiner en faisant abstraction de la singularité de l'année que nous venons de vivre, où les crises sanitaire, environnementale, sociale, humanitaire et sécuritaire sont venues compliquer la donne.

Le groupe Socialistes et apparentés prend bonne note de la poursuite de la trajectoire qui doit conduire notre pays vers l'objectif de consacrer 0,55 % de notre RNB à notre aide publique au développement dès 2022. Néanmoins, nous commençons à nourrir quelques doutes en constatant le mouvement contradictoire qui affecte les programmes 110, « Aide économique et financière au développement », et 209, « Solidarité à l'égard des pays en développement » : les autorisations d'engagement se contractent, puisqu'elles sont en baisse de 2,1 milliards, soit 30 %, quand les crédits de paiement sont en hausse de 1,6 milliard, soit 50 %. Et ce constat ne prend pas en considération le biais comptable de l'augmentation des fonds propres de l'AFD, inscrite au programme 365, « Renforcement des fonds propres de l'Agence française de développement », pour plus de 953 millions d'euros, ce qui constitue une opération neutre pour le budget de l'État.

Ce double mouvement conduit à une baisse drastique de l'action 01, « Aide économique et financière multilatérale », du programme 110, qui ne nous semble pas judicieuse dans le contexte de crise mondiale que nous traversons. Il est important que la France maintienne sa capacité d'orientation des fonds gérés par les banques multilatérales de développement ; nous défendrons un amendement visant à rétablir, au moins partiellement, ces crédits supprimés.

Je pointerai aussi le décalage entre la volonté de notre pays de s'ériger en champion du multilatéralisme et du soft power et le fait que nos contributions volontaires à certaines organisations internationales, comme le Fonds des Nations unies pour l'enfance – UNICEF – ou le Programme des Nations unies pour le développement – PNUD – , très sollicitées, ne sont pas à la hauteur de celles de certains de nos partenaires. Nous défendrons des amendements visant à abonder les crédits de l'aide publique au développement transitant par les ONG, et à renforcer l'aide économique et financière multilatérale.

En tout état de cause, nous nous orientons vers une abstention sur les crédits de cette mission.

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